Dans les années 80, Chevy Chase était un comique très en vogue aux Etats-Unis. Souhaitant s'orienter vers un rôle plus dramatique, l'acteur impulsa le développement d'une intrigue semi-sérieuse autour d'un homme invisible. L'ensemble pris finalement forme en 1992, sous la direction de John Carpenter... pour un résultat qui déçut à l'époque. Mal aimé par la critique, bide au box office, début de la fin de carrière pour Chase et Carpenter : "Memoirs of an Invisible Man" ne jouit pas d'une grande renommée ! Sans compter un tournage réputé houleux (relations compliquées entre le réalisateur et le tandem principal, Chase supportant en prime assez mal un lourd maquillage en plein été...). Mais que vaut en réalité le film ?
Tout d'abord, les amateurs du cinéma de John Carpenter seront sans doute désenchantés, car on n'y retrouve absolument pas la patte du réalisateur. Que ce soit dans les thèmes abordés, la mise en scène (à part peut-être quelques plans larges ?), ou la musique, "Memoirs of an Invisible Man" n'a rien d'un Carpenter. Pour autant, bien que relativement impersonnel, le film n'est pas sans qualité.
En effet, la manière d'aborder l'invisibilité est intéressante, mélangeant certaines scènes purement comiques avec un côté plus torturé vis-à-vis du héros, homme solitaire de base, qui se retrouve ici acculé et pourchassé par de sinistres agents gouvernementaux. A ce niveau, Chevy Chase est plutôt convaincant, et exprime son talent comique grâce à une pirouette (économique ou égocentrique ?) de mise en scène : son corps demeure visible à l'occasion, uniquement pour les yeux du spectateur. Daryl Hannah est en revanche un peu en retrait, et c'est surtout Sam Neill que l'on repère en assassin de la CIA retord et expéditif. Carpenter semble s'être mieux entendu avec ce dernier, l'engageant dans son film suivant !
A défaut d'avoir le droit au synthé de Carpenter, le film bénéficie d'une BO signée Shirley Walker, avec un bon thème principal. Il offre également des effets visuels de très bon niveau pour l'époque, et plusieurs scènes assez réussies. Ainsi, "Memoirs of an Invisible Man" est incontestablement un Carpenter mineur, mais reste un film de science fiction tout à fait correct.