Memoirs of an Invisible Man propose une variation intéressante sur le mythe de l'Homme invisible, en prenant habilement le contrepied des attentes habituelles autour de cette figure populaire. Si le film a pu décevoir les fans de John Carpenter à sa sortie, il ne manque pourtant pas grand-chose pour en faire une véritable réussite. À mon avis, le récit explore assez bien les implications psychologiques de l'invisibilité, mais souffre d'un manque de punch dans les ruptures de ton. En effet, le cinéaste américain, pourtant maître de l'épouvante, aurait gagné à oser davantage de séquences de pur suspense ou de thriller dans cette histoire destinée au grand public, tout en conservant le fond profondément romantique qui constitue à la fois la surprise et en fait le principal intérêt du film. Mention spéciale à Daryl Hannah, dont le rôle lumineux contraste absolument avec celui de femme vénale qu’elle incarnait dans l'excellent Wall Street (1987).
La réalisation tient encore la route aujourd’hui grâce à une utilisation très parcimonieuse des effets spéciaux, tandis que la mise en scène exploite avec intelligence le concept d'invisibilité, jouant habilement avec les attentes visuelles du spectateur. Memoirs of an Invisible Man n'est sans doute pas un grand Carpenter, mais c'est un film plaisant et injustement sous-coté à mon avis, qui bénéficie assurément de l'efficacité de son metteur en scène et étonne par son aspect sentimental fort réussi.