Difficile de faire la critique d'un film qui n'avait pas lieu d'être, qui en somme n'existe pas. En l'occurrence, ce long métrage de Luigi Comencini n'est que le maladroit condensé de sa fameuse série télévisuelle de six épisodes d'une heure consacrée au héros de Carlo Collodi. Tronquée, découpée et remontée approximativement, l'oeuvre originelle donne naissance à un film fatalement insuffisant, incohérent et chaotique.
Mais aussi peu satisfaisant qu'il soit sur la forme, le film reproduit néanmoins l'étonnante et inspirée mise en scène de l'histoire de Pinocchio par Comencini. Dans cet univers où se côtoient la poésie et le drame, le merveilleux et le réalisme social -la misère du menuisier Gepetto est touchante, à laquelle les décors nus et parfois glaciaux de la campagne italienne donnent un relief accru- Comencini évoque les thèmes de l'enfance: la liberté et la spontanéité s'opposent souvent à l'embrigadement par l'instruction, le travail, la morale.
On ne s'étonne donc pas, qu'au terme de cette errance initiatique pleine de détours, de rencontres et d'expériences au long de laquelle Pinocchio et Gepetto n'ont de cesse de se retrouver, Comencini introduit l'idée que c'est l'enfant, et pas l'inverse, qui guidera les pas du père.
Le petit Andrea Balestri, dans le rôle de l'enfant impertinent et menteur, gaffeur et naïf -mais libre- est extraordinaire. Nino Manfredi est, lui, très poignant dans son interprétation de l'amour infini de Gepetto pour le fils qu'il a crée. Et puis il y a les superbes et inoubliables mélodies de Fiorenzo Carpi.