Robin des Bois 1938

Voici un film magique tourné en 1938 par Michael Curtiz (je passe sous silence le réalisateur W. Keighley qui a commencé et a été remplacé rapidement), avec un couple très glamour Errol Flynn et Olivia de Havilland.
Je ne m'étendrai pas sur l'histoire en elle-même qui est, à l'origine, une chanson de geste du XII ème siècle sans grande réalité historique même si elle s'appuie sur des personnages historiques. Ah si, dans les généralités, on pourrait dire aussi que le nom du personnage de Robin des Bois est une mauvaise traduction en français du titre original qui est Robin Hood soit plutôt le Brigand Robin… Du détail.
Par contre le film est une véritable réussite qui a traversé les décennies sans prendre une seule ride.
Tout est parfait dans ce film
La réalisation est époustouflante dans la conduite des foules, dans le montage des batailles dont on note un souci de ne pas lasser par exemple en intercalant les ombres des duellistes.
La photographie dont le technicolor accentue les contrastes : le vert des collants et des chapeaux des gens de la bande de Robin, le rouge et le jaune éclatants du costume de Richard une fois qu'il enlève sa cape noire, les costumes de Olivia de Havilland, etc
La musique qui accompagne le film est toute en justesse et fort appropriée. Romantique à souhait quand il faut.
Enfin les acteurs
D'abord le trio de méchants avec Claude Rains, Basil Rathbone et le sheriff de Nothingham, Melville Cooper, dans des registres différents (méchant vicelard, méchant tout court et méchant poltron) sont tous excellents.
Il y a ensuite Olivia de Havilland qui change de camp lorsqu'elle comprend la cause de Robin. Il y a des scènes délicieuses, par exemple lorsque Lady Marianne prend la cuisse de poulet à la main et la mange sous l'œil ironique de Robin et puis les échanges de regards emplis d'amour et/ou de dévotion. Que celui qui n'a jamais été ému par les regards mouillés et le joli minois d'Olivia de Havilland lève le doigt ? Même un vieux machin comme moi ...
Les compagnons de Robin, constituant une bande de joyeux lurons sont plaisants. La dame de compagnie de Lady Marianne (Una O'Connor) avec sa voix aigrelette (un peu moins dans la VO) qui fut jadis une grande séductrice, qui a usé cinq maris, fait partie du folklore du film et j'attends toujours ses interventions cocasses.
Enfin le charismatique Errol Flynn dont le charme est contagieux… Pétillant, malicieux, insolent dans ses échanges avec les méchants … Il porte le film avec ses collants verts et son panache … Il est à jamais la figure emblématique de Robin des bois et emporte l'adhésion avec sa joie et son ardeur communicative.
Encore un autre point que j'apprécie dans ce film et qui le ramène à la chanson de geste pudique d'origine. Tout le monde s'accorde qu'il y a une véritable hécatombe de soldats normands tués à coups de couteau, d'épée ou de flèches dans le film et pourtant on ne voit aucune goutte de sang. Ce n'est pas grandiose, ça, franchement ?
J'ai vu ce film je ne sais pas combien de fois et à chaque fois j'en sors à la fois ému et ravi.
Voilà du vrai cinéma.