Revoir "les aventuriers" procure autant de bonheur que la première fois; ce film a bientôt 50 ans, il est rediffusé assez régulièrement et, malgré le fait de le connaître presque par coeur, c'est un ravissement perpétuel. Il faut dire que la simplicité de son histoire et la façon dont elle est racontée rend d'emblée le film sympathique: pas de scène d'ouverture destinée à en mettre plein les yeux (même si j'en suis friand aussi), pas de scène techniquement tarabiscotée mais du boulot rudement efficace quand même et une structure narrative si aisément découpée et lisible qu'on suit nos "aventuriers" jusqu'au bout du bout, sans en perdre une miette. Alors que nous racontent-ils ces aventuriers au juste ? Une histoire d'hommes, en premier lieu, Delon et Ventura comme on les rarement vus: souriants, démonstratifs en amitié, dansant même leur joie de vivre, ensemble, partageant tout; partageant justement leur amitié avec le troisième personnage principal du film interprété par la touchante et juste Joanna Shimkus (avec laquelle Robert Enrico tournera encore ses 2 film suivants), qui, loin d'être décoratif, relancera l'intrigue dans une direction plutôt inattendue. Car il faut dire que "Les aventuriers" nous font voyager justement: après un bon premier tiers en région parisienne où l'on pourra assister aux déconvenues de Delon en pilote d'avion et de Ventura aux commandes d'un dragster, direction l'Afrique à la recherche d'un trésor enfoui dans la cabine d'un avion scratché dans les eaux de l'Atlantique. Il y a alors, depuis le début du film, trépident, comme un air de Tintin parcourant allègrement le monde; puis nous retrouvons nos héros en Charentes maritimes, pour un dernier tiers mâtiné de tendresse (le personnage du petit garçon que rencontrent Delon et Ventura nous font dire qu'ils n'ont pas beaucoup grandi), de rêveries et de coups de feu dans un lieu plutôt insolite, le fort Boyard. C'est là que Ventura partage avec Delon son nouveau projet de vie avant que des gangsters ne viennent une nouvelle fois contrarier leur destin.
Robert Enrico avait, l'année précédente, déjà raconté une histoire d'amitié franche et virile entre Bourvil et Ventura (encore lui) avec "Les grandes gueules". Il creuse ici son sillon, faisant de ses "aventuriers" une balade à la fois enjouée et triste, comme la vie, tout simplement.