Deux jeunes gens se rencontrent en prison en allant voir leurs pères respectifs. Ils décident de passer le reste de la journée ensemble à s'amuser, jusqu'à ce que les sentiments s'en mêlent.
Disparu en 1986, Yasuzō Masumura a eu une productivité très impressionnante, avec plus de 50 films en 25 ans de carrière, avec parfois quatre réalisations en une année. Je ne connais pas vraiment son cinéma, mais Les baisers, qui est son premier film, a déjà la marque d'un réalisateur qui maitrise son art. Hiroshi Kawaguchi, qui joue le jeune homme en question, pourrait être le James Dean nippon, en but avec sa famille, en particulier sa mère qui s'est séparée de son père parce que la politique dévorait ce dernier, et il est en prison pour corruption, ce qui n'arrive qu'au cinéma. Quant à la jeune femme, jouée par Hitomi Nozoe, elle est clairement vue comme une Audrey Hepburn, avec le même physique malingre, et un ton légèrement insolent. D'ailleurs, la scène où elle s'accroche à la taille de Kawaguchi à bord de son scooter est sans nul doute une référence à Vacances romaines.
La première partie du film, la rencontre, est peut-être la plus intéressante, car elle montre la jeunesse japonaise en 1957, sans trace de kimonos ou tout élément faisant daté, qui va se baigner à la mer, fait du roller, va danser dans des clubs, boit des verres dans des cafés, comme des occidentaux, avec d'ailleurs plusieurs enseignes écrites aussi bien anglais qu'en japonais. Mais en filigrane, Les baisers raconte le poids familial, l'héritage que l'on porte ou qu'on doit supporter, à savoir la présence du père en prison, ce que ça implique sur les destinées de ces jeunes, ajoutant un peu de gravité à quelque d'assez léger.
Malgré une seconde partie un peu plus faible, concernant les destinées de ces pères, qui doivent être libérés sous caution contre une certaine somme, le film est vraiment intéressant de par son aspect presque documentaire. Et qui, mine de rien, sembler aller contre l'ordre établi, en premier lieu celui de famille.