Il y a des moments que seul le cinéma peut procurer. Des sensations qui restent dans l'esprit après être sortie de la projection. Des instants qui deviennent éternité et qui nous rappelle la singularité totale du septième art.
Les banshees d'Inisherin est un film aussi singulier que réussi. Mc Donagh est bien un réalisateur accompli après ce tour de prouesse magnifique. "Bon baisers de Bruges" était déjà, à l'époque, une réussite. Ensuite vient, Three Billboards, une satire politique acide et révélatrice des fractures américaines. Son dernier film ne sera peut être pas celui qui suscitera l'adhésion totale tant son histoire pourrait laisser des personnes de marbre et qui peut facilement dérouter.
Pour ma part, j'ai adoré pour ce qu'il est. Une histoire de villageois vivant reculé dans l'Irlande profonde. Le scénario reposant sur différents aspects de la vie humaine m'a semblé géniale.
Les questions du film ne sont pas métaphysiques, d'ailleurs le scénario est assez simple.
Non, Mc Donagh nous montre la réalité d'une micro-société où tout le monde se connaît, où chacun tient son rôle (l'idiot du village, la sorcière, le barman, la femme célibatiaire). Chaque habitant connaissant une partie des ragots et des déboires de l'autre, le monde extérieure n'existe qu'à travers la guerre civile qui se passe si près mais qui paraît si loin de nos protagonistes.
Les Banshees d'Inisherin démontre les défauts humains dans toutes leurs splendeurs mais également des vrais questionnements sur nos vies à tous. C'est d'ailleurs la question que se pose le personnage campé par Brendan Gleenson: "comment faire pour ne pas être oublier des autres?"
Question qui ne cessera d'hanter notre héros qui voudra se défaire de son ami de toujours joué par Colin Farell qui rappelle à quel point il est un acteur splendide.
Les Banshees nous raconte l'histoire de notre monde, ces bons comme ses mauvais côtés.
Il est difficile d'en faire une critique global tant le film explore des pistes immenses.
Il ne m'a pas laissé insensible en tout cas. Il remue profondément. On touche au chef d'oeuvre.