Les Barbares de Julie Delpy rappelle sacrément The Old Oak de Ken Loach, à ceci près que la réalisatrice française a choisi la veine comique, ou satirique, si vous préférez, pour portraiturer un petit village breton, aux prises avec une famille de réfugiés syriens.Il n'est pas si facile de manier l'humour sans créer une galerie de personnages aussi proches de la vérité que de la caricature, l'on peut hésiter, avec notamment un raciste de la plus belle eau, si l'on peut dire, joué avec une certaine jubilation par l'incroyable Laurent Lafitte. Julie Delpy s'arrête avant le vitriol, elle n'est pas folle, et l'on pressent que tout finira plutôt bien, parce que la raison finit toujours par triompher de la peur de la différence et de l'ignorance. Ou bien non ? Le plus réussi, dans le film, c'est justement la famille syrienne, traitée avec bienveillance mais sans mièvrerie, et que l'on aurait aimé suivre encore davantage que leurs amis ou opposants français. La réalisatrice vise à refléter une certaine difficulté du vivre ensemble, manifestement plus facile quand il s'agit d'Ukrainiens plutôt que de Syriens. Le pari est en partie réussi mais pas intégralement, non pas par manque de rythme ou de conviction mais par certains choix scénaristiques, visant à donner un temps de jeu important à Sandrine Kiberlain et India Hair, par exemple, dont les rôles respectifs n'ont qu'un intérêt très limité. Et donc, Julie Delpy fait moins bien que Ken Loach ? Personne ne sera vraiment surpris par cette affirmation mais elle aura essayé.