Dans le petit village breton de Paimpont tout le monde se connaît. Joëlle (Julie Delpy) l'institutrice humaniste, Anne (Sandrine Kiberlain) sa meilleure amie propriétaire alcoolique de la supérette, son mari infidèle (Mathieu Demy (que j'aimerais voir dans plus de films), Hervé (Laurent Lafitte) plombier alsacien raciste, Géraldine (India Hair) sa femme infirmière enceinte du 5ème enfant, Johnny le flic (Marc Fraize) et le maire (Jean-Charles Clichet) qui a décidé après vote (presque) unanime du conseil municipal d'accueillir une famille de réfugiés ukrainiens. Sauf que "sur le marché du réfugié, l'ukrainien est très demandé" et qu'il n'y en a plus en rayon. La famille qui débarque est donc syrienne. Cette arrivée et ce changement de nationalité réveillent ou révèlent au grand jour tout un tas de comportements, d'idées reçues, d'a priori... Les paimpontais (j'ai dû chercher) sont loin d'imaginer que ces gens déracinés sont cultivés et exerçaient des métiers dans leur pays (médecin, architecte, designer...).
Sur le ton de la comédie, la réalisatrice actrice (que j'adore depuis la nuit des temps) trouve la note juste pour évoquer des sujets graves, le rejet, la peur de l'autre, le racisme primaire et bas de plafond. On lui reproche de se moquer de la ruralité et de sa pensée ras du bulbe. Je suis convaincue que les mêmes comportements sont observables en ville mais il faut bien trouver un angle pour critiquer. Je trouve la famille syrienne magnifiquement bien incarnée avec des acteurs talentueux. Les acteurs français sont savoureux et se sont glissés avec délice dans leurs rôles (peut-être un peu caricaturaux certes mais il s'agit d'une comédie). Mention spéciale à Laurent Lafitte en mâle dominant raciste avec sa coiffure de con et sa barbichette de plouc.