Alors que le petit village de Paimpont, en Bretagne, s’apprêtait à recevoir des immigrés ukrainiens, ce seront finalement des syriens qui viendront s’installer.
Julie Delpy signe ici un film drôle et émouvant dans lequel le narratif positif sur des migrants arabes fait du bien. Il nous montre que, non, ces gens ne sont pas des barbares misogynes ou dangereux et que, comme tout le monde, ils cherchent un endroit paisible pour vivre alors que cela n’est plus possible dans leur pays d’origine.
Elle arrive également à dépeindre avec humour les clichés qu’entretiennent ces bretons alimentés par l’instrumentalisation politique, les médias et les réseaux.
Mention spéciale à la diatribe anti misogyne hilarante que se prend le personnage de Laurent Laffite par sa femme magnifiquement interprétée par India Hair, aboutissement d’un récit qui lui fait prendre conscience de son pouvoir.
Malheureusement tout ce beau discours est gâché par une facilité scénaristique qui ne serait pas grave si elle n’impactait pas tant le message du film: ces migrants syriens ne sont certes pas ukrainiens mais ils sont médecins, architectes ou poètes…
On ne peut alors s’empêcher de voir une caricature méprisante des français moyens moyennement éduqués incapables d’accueillir avec dignité des gens ayant pourtant faits de grandes études (des gens bien quoi).
Julie Delpy n’est sûrement pas une défenseuse de la politique de l’immigration choisie chère à Victor Orban ni de la fable droitisante consistant à penser que les gens raisonnables et réfléchies se trouveraient parmi « l’élite » intellectuelle qui n’aurait, elle, ni frontières ni pays. Pour son film, cela reste à prouver.