Il fallait bien que je sois déçu un jour par un film d Akira Kurosawa. Il faut dire aussi qu'il n'avait pas choisi la facilité en adaptant cette œuvre de Maxime Gorki, traitant de la misère extrême du peuple à l'époque des tsars. Jean Renoir avait eu lui aussi un succès mitigé en adaptant les Bas-Fonds en 1936. Le scénario est fidèle à l'esprit de la pièce: l'arrivée d'un vieillard dans une auberge redonne espoir à une communauté de déclassés. Mais la trame du scénario est mince, et pour faire du remplissage, comme dans un concert de jazz chaque acteur fait son solo. L'ennui c'est qu'il y a une pléthore de personnages (un voleur, un ancien acteur, un ferrailleur, un ex-samouraï, une prostituée, un alcoolique, le tenancier, sa femme, et encore d'autres) et qu'il est bien difficile de différencier la plupart des acteurs qui sont pour la plupart petits et chauves. Le seul à surnager est Toshiro Mifune qui pousse ses habituels coups de gueule mais qui n'a pas un rôle principal, tous les acteurs ayant à peu près le même temps de présence à l'écran et la même importance (il ne faut pas oublier que Gorki était un écrivain communiste). Pour ne rien arranger Kurosawa, en pleine période sombre et pessimiste mélange le sordide au burlesque, histoire de paraître plus léger, mais il n'en est que plus ennuyeux. Pour se réveiller à la fin il faut noter une curiosité qui est l'unique surprise du fil:
du rap japonais !
Mais c'est le bonsaï qui cache la forêt d'un académisme pesant.
Un film mineur dans la carrière de Kurosawa.