Il est mort pour nous gâcher le plaisir
Donzoko est réalisé en 1957 et s'inspire directement de la pièce de théâtre du même nom écrite par Maxime Gorki en 1902. Pour cette adaptation, Kurosawa a cette fois ci conservé l'époque et le cadre, un asile de nuit que dépeint alors l'histoire de différentes personnalités vivant dans la misère la plus totale.
On fait rapidement la connaissance de ces personnages, qui ont tout perdu ou n'ont jamais rien eu et qui doivent cohabiter ensemble, un voleur, une prostitué, un samouraï déchu, un ancien acteur devenu alcoolique, un femme mourante. Tous vont et viennent dans ce lugubre endroit tenu par un couple de propriétaires avares et sans-coeur. Un jour ordinaire durant chacun vaque à ses occupations, un mystérieux pèlerin fait son arrivée. Un homme qui va rapidement comprendre qu'avec quelques mensonges, il est possible de donner un peu d'espoir à ses personnes qui ne croient plus en rien...
Il faut que je vous dise en préambule que j'ai lu le bouquin exprès pour le film et que contrairement à l'idiot ou MacBeth, je vous conseillerais plutôt le livre cette fois ci. Sans sa prise de risques habituelle dans sa réalisation et sa contextualisation, Kurosawa nous confine dans un huis-clos maladroit identique à pièce de théâtre perdant l'essence de l'objet cinématographique.
Je ressors déçu, ne pouvant me défaire des bas-fonds de Tokyo filmé de manière magistrale dans Chien Enragé. Je regrette ce traitement trop académique, là où il apportait une fabuleuse touche théâtrale et subtile dans Le Chateau et l'Araignée, il y va ici bien trop franchement. N'apportant pas grand chose et peinant à transmettre le message d'optimisme qui se dégage de la pièce écrite par Gorki., la version Kuro est à découvrir uniquement pour l'écriture des personnages assez réussie, et la qualité d'interprétation, Mifune en tête qui une nouvelle fois offre une performance remarquable.