Ce drame d'après Maxime Gorki, dans lequel d'étonnants accents parisiens recouvrent son caractère slave, est une oeuvre pessimiste qui décrit un microcosme social sordide, autant par sa misère matérielle que par son marasme moral. Ce sont les bas-fonds, théatre des drames de la vie et de la précarité, refuge ultime de ceux qui n'ont plus d'espoir, illustré par un asile insalubre.
On y rencontre un comédien déchu, un vieux sage, un aristocrate ruiné ou un voyou sympathique, le seul à ne s'être pas encore résigné. Ces deux derniers personnages permettent à Louis Jouvet et à Jean Gabin de composer habilement deux marginaux que leur commune élégance morale, en dépit de leur différences de classe (antithèse de "La grande illusion") conduit à une amitié inattendue.
Jouvet est à l'origine que quelques scènes savoureuses du film par la dérision teintée d'amertume de son personnage. Le regard humaniste de Renoir ambitionne de restituer leur dignité à ces existences d'exclus, même s'il ne parvient pas toujours à nous toucher. Le cinéaste présente un contexte francisé un peu étrange, quand bien même les personnages, par leur mysticisme, leur démence, ou leur dualité nous ramènent à un certain tempérament russe.