Les Beaux Gosses par Ciné Water
En regardant Les beaux gosses, sans en savoir quoi que ce soit, un des grands points que j'ai relevé tout le long du film c'est le rapport avec l'univers de la bande dessinée, sans le comprendre.
On y retrouve Fred Neidhardt, que je connais pour sa participation dans le journal Spirou et les éditions Dupuis en général. Ainsi que pour une série se voulant de base fortement naze, un plagiat de Spirou et Fantasio façon racaille. Adorant la supercherie, faisant des impostures avec Fabrice Tarrin que l'on peut visionner facilement sur le net.
Il se dit lui-même créateur d'un blog de BD datant de 2005 que j'ai lu hier, Frantico. Une BD très sympathique, humaine et personnelle, fort pipi/caca/sexe. Frantico est un jeu dont on ne saura jamais qui nous y fait jouer, c'est un faux personnage crée par un ou plusieurs auteurs à piocher certainement dans : Lewis Trondheim, Manu Larcenet, Joann Sfar. Dont on saura peut-être le fin mot un jour. Dans le film Fred Neidhart joue ici un professeur de SVT. Pour mes amis belges, SVT c'est Sciences de la Vie et de la Terre et ça doit être l'équivalent de nos cours de Sciences puis bio pour 5ème et rhéto.
On y retrouve aussi Marjane Satrapi, totalement pas reconnaissable dans son rôle de vendeuse dans un magasin d'instruments de musique. Fuyant l'Iran elle découvre en France la BD et crée son Persepolis, immense succès qu'elle adapte en film en 2007.
La présence de Marjane Satrapi et de Fred Neidhart s'explique facilement avec le nom du réa, Riad Sattouf. Sans avoir rien lu de lui il écrit, notamment, pour Charlie Hebdo la série La vie secrète des jeunes adaptée par Canal +.
En tout cas la vision de ce film m'a donné l'envie de découvrir le reste de ses créations.
Les beaux gosses propose une version caricaturale mais très véritable d'une jeunesse d'une époque, déjà fort éloignée de la mienne et je n'ai que 22 ans. Cela ne m'empêche pas de pouvoir y faire des rapprochements globaux car au fond intemporels : la vision des autres, le phénomène de groupes et son hypocrisie, les "nuls" avec les "nuls" les "people" avec les "people, les premiers vrais ébats amoureux et la sexualité,... Tout le monde peut au final s'y retrouver.
Le sujet est vaste, Riad Sattouf s'en sort très bien pourtant, ajoutant un vent de fraicheur à un genre éculé souvent faussement et idiotement. Quand on passe à l'adolescence c'est le moment où on découvre vraiment, entre autres choses, les différences tels que ceux qui ont de la chance. La chance d'être beau ou non, d'être riche ou non, d'oser s'affirmer ou non,...
Dans ce contexte de passage le but est d'être comme les autres, on cherche à s'affirmer mais on a pas vraiment la possibilité de le faire. Parce que le poids du regard des autres, si il est toujours existant dans le reste de la vie est sans doute au plus haut à cette période. Même quand on est "différents" du moule type on se retrouve dans un groupe de "différents" d'un autre moule, parce que c'est humain, on a besoin de ses pairs et de se sentir identique à ses semblables.
"Mais je ne vais pas t'acheter ça, c'est un truc d'arabe, c'est affreux" - Maman
"Mais je suis un arabe, s'teuplait" - Fiston
C'est la même mère qui empiète sur la vie privée de son fils qui démarre, prétextant qu'elle l'a eu bébé.
En lui demandant chaque jour si il s'est bien branlé cela mènera à une bonne dispute qui n'en fait pas trop, bien drôle. Cette scène, comme beaucoup d'autres, prouve que les acteurs sont fort convaincants, tant les ados que les parents.
Le film montre des plans plutôt agréables, bien fichus, n'en fait pas vraiment de trop. Ici pas de romance fleur bleue ou d'American Pipi Caca Sperme ni de films déjà ringard et loin de la réalité de son époque comme la Boum sorte d'adaptation des magazines façon "Nous deux" et ses romans photos, enfin ça avait son charme.
On a droit à un chouette You think you're a man des Vaselines (que Nirvana en grand fan reprendra) qui clôture de façon assez inattendue le film mais qui résume ce final assez bien.
Les beaux gosses n'est pas extraordinaire mais on souffle pour un film de genre, et c'est très bien ainsi.