T'as les yeux bleus comme du canard WC
Ils sont moches, boutonneux, marginaux, bêtes comme leur pieds, malhabiles avec les filles et constant dans la moyenne. En se focalisant sur les antihéros collégiens, Riad Sattouf prend le contrepied du spectateur, sûrement convaincu d'avoir vécu une adolescence sans histoire. Il présente une réalité à milles lieux de nos agréables souvenirs de collège. Le film sonne portant juste. Les réactions des jeunes élèves sur la mort, l'amour, les filles et tous les sujets d'actualités sont à la fois extrêmement drôles et d'une redoutable finesse d'analyse.
Les répliques fusent, les farces sont cruelles et aucun adulte ne semble s'en soucier. Le collège, société bestiale où l'apparence et la popularité permettent à certains d'asservir le reste du troupeau. Frôlant la pose naturaliste, le film pâtit de petites baisses de rythme à certains moments, préférant mettre en avant les savoureuses saynètes de vie quotidienne. Autant de petits moments drôles ou poétiques qui viennent aérer la trame principale. Par exemple lorsque la directrice vient annoncer la mort du professeur de biologie, la première réaction est de demander si le contrôle aura lieu comme il l'était prévu. Avec un soin tout particulier mis sur l'ambiance et les petits détails comme les émissions de radio, les scènes en arrière plan, la musique et même les vidéos pornos. Tout est fait pour ce petit collège breton devienne une micro-société générique de n'importe quel coin de la France.