Les Bêtes du Sud sauvage par Kroakkroqgar

Ce n’est ni la faune du bayou, ni les aurochs tirés de l’imaginaire de Hushpuppy, mais bien des miséreux qui survivent dans le bidonville au sud de la digue que le film désigne comme « bêtes ». Pourtant, il ne s’agit pas de stigmatiser les indigents, mais de se projeter à leur place et de découvrir une autre vie. Au-delà de la misère, le film va même jusqu’à offrir cette univers à travers les yeux d’une petite fille. Le résultat est surprenant, puisque balancé entre la naïveté de l’enfant, et la dureté imposée par ses conditions de vie. Sous forme de voix-off, les pensées de Hushpuppy rendent compte de cette contradiction : aux rêves d’enfant (« les scientifiques du futur ») s’oppose l’évidence de la mort.

Les images renforcent ce contraste : un père mourant et un orage dévastateur ne suffisent pas à détourner le regard de Hushpuppy de la beauté du monde. Il en découle que ‘Beasts of the Southern Wild’ se veut très contemplatif. Mais il s’agit peut-être là de la véritable réussite du film : parvenir à sublimer la misère du bidonville. Toutefois, un léger manque de rythme s’en fera parfois sentir, même si la caméra portée à la main rend l’image plus vivante. Du moins, on retiendra le passage festif en introduction, dynamique et de toute beauté. Plus anecdotique, les courts plans mettant en lumière les grains de poussière dans l’air sont particulièrement esthétiques. D’autant plus que la bande-originale du film est particulièrement sympathique et étonnamment rythmée pour le propos.

En revanche, on regrettera franchement la mauvaise utilisation des aurochs dans le récit. Non seulement, ils sont d’un intérêt très limité pour les évènements, mais on aurait pu attendre autre chose que des sangliers couverts de fourrures. En revanche, la manière dont ils illustrent l’imaginaire de l’enfant est intéressante.

Un œuvre sociale qui parvient à sublimer la misère du bayou.