Kore-eda est un orfèvre lorsqu’il s’agit de mettre en scène des drames complexes et lumineux. Au cœur de sa filmographie, il explore la notion de « famille » sous toutes ses formes. Il a quelques chefs-d’œuvre sur le sujet à son actif : Nobody Knows, Tel père, tel fils, Une affaire de famille. Les Bonnes Etoiles ne fait pas exception. Mais il y filme cette-fois une famille sans lien de sang, une famille qu’on se crée plus que celle dont on hérite (ou qui s’ignore).
Il part pourtant d’un postulat peu moral (l’exploitation mercantile et hors la loi du phénomène des boîtes à bébé en Corée du Sud) mais parvient à faire poindre des sentiments d’une étonnante pureté et d’une écrasante humanité. Le réalisateur japonais filme ce road-movie sur les routes de Corée du Sud comme une fuite en avant qui va révéler des personnages abîmés auquel il est impossible de ne pas s’attacher. D’un sujet lourd, il construit avec humour un film tendre et émouvant sur les liens qu’on tisse. Dommage qu’il double son sujet d’un versant polar moins réussi qui explique sans doute la durée excessive du film et le place un peu en retrait de ses meilleurs films.
Cependant sa mise en scène d’une infinie délicatesse est toujours aussi méticuleuse. Elle laisse les sentiments affleurer progressivement pour donner corps et vérité à cette famille improvisée et singulière. On est tout autant emporté par les gestes d’affection d’abord réprimés et qui finissent par s’affirmer que par la très jolie bande-originale qui accompagne leur périple.
Kore-eda déçoit rarement, Les Bonnes étoiles le prouve une nouvelle fois.