Première vraie surprise de Gerardmer 2018, Les bonnes manières surprennent le spectateur par son approche, douce et presque sensuelle, autant que par une direction artistique assez poussée.
Dès les premières minutes, on sent que le couple de réalisateurs a bossé sur le sujet.
Les références aux contes de Grimm, au Frankenstein de 1931 avec Boris Karloff et Colin Clive sont un petit régal.
Mais il y a surtout le soins dans les détails: la classieuse présentation sous forme d’affichettes par exemple; à la fois ode au cinéma muet et aux belles heures des Films Disney, (la Belle aux Bois dormants) vous immerge d’emblée dans une ambiance à la fois douce et légèrement anxiogène.
Une douceur toute féminine, pour son approche posée, rassurante.
Elle vous laisse couler dans ce conte moderne avec une efficacité peu commune, jamais brutale, toujours fluide.
Peu commune également dans le sens où l’on retrouve disséminés ici et là quelques touches d’une sauce piquante pas piquée des hannetons.
On vous colle en effet assez frontalement des thématiques inattendue dans ce format: homosexualité, tolérance inter-raciale, ou mépris de classe.
Mais toujours avec de la retenue dans les dialogues, dans les séquences.
Rien d’inutile ou de scabreux, on sert l’histoire ma petite dame.
Et ÇÀ, ça fait plaisir.
Parce que ça d’insert parfaitement dans l’histoire, et parce qu’on y voit un film qui sait arranger classicisme et modernité.
BRAVO.
Et on retrouve aussi ce savoir faire tout dans la photographie ou le traitement des personnages.
Le fameux matte painting est superbe, et le Sao Paulo moderne est convaincant.
Juste ce qu’il faut point planter le décors et dérouter le spectateur.
Les personnages, pour finir, sont solides à tous les niveaux, et les interprétations très bonnes.
Les plus tatillons trouveront à redire sur les parties chantées ou les performances des enfants, mais on s’y attache facilement car les personnages sont très bien écrits. Profonds et chacun avec un arc narratif intéressant.
Pas d’enfants qui parlent comme des adultes. Pas de personnages inutiles.
Juste quelques touches rétro du plus bel effet.
ÇÀ aussi, ça fait du bien.
En résumé, le film est, malgré ses 2h15, une belle performance de narration.
On ne s’ennuie pas malgré quelques ralentissements et on apprécie tout particulièrement la finesse d’écriture.
Les amateurs de classiques apprécieront les références multiples autant que les superbes travelling.
A voir absolument.