Un sentiment d’insatisfaction, d’inachevé après avoir été promené durant plus de deux heures dans un spectacle qui ne manque ni de qualités plastiques ni de rythme, qui foisonne de signes comme autant de fausses pistes (il y a matière à une thèse nouveau régime sur les crucifix et les curés en soutane) et se termine sur un cul de sac qui trahit l’incapacité du scénario à dominer le récit. Voilà pour l’humeur du spectateur ; assez maussade. Il reste à dire pourquoi, de mon point de vue, ce film déclenche si peu l’adhésion. Certes, les réalisateurs sont doués, l’équipe est top, le décorateur est cool ; il a su retrouver un style qui magnifie certaines scènes (vues de nuit sur Sao Paolo…). Des moments musicaux étonnants comme celui durant lequel la mère adoptive passe à la chansonnette à la suite de la logeuse pianiste alors que le drame est en train de monter d’un cran. Malgré toutes ces ressources, le problème semble venir de la surcharge du projet : avoir voulu réaliser un film à la fois hyperréaliste et fantastique et n’avoir réussi ni l’un ni l’autre, et encore moins l’impossible émulsion des deux. Alors que, comme cela se passe ici dans la longue phase d’exposition, le genre fantastique ne s’autorise qu’une ambiance suggérée par des flous, des ombres inquiétantes, des sons bizarres, ce film décide soudainement de montrer l’action avec un réalisme cru. Attention : SPOIL ! C’est une histoire de loup garou, d’accord ; mais qu’avait-il besoin de montrer en détails et à plusieurs reprises les transformations et de faire réaliser (à grands frais probablement) un modèle numérique qui, pour être une remarquable prouesse technique, n’en est pas moins un gag digne des dessins animés de la Warner puisque le résultat n’est pas un loup mais un diable de Tasmanie, comme celui là-même qui batifole avec Bugs Bunny et Duffy Duck en poussant le même cri effroyable, mais parfaitement ridicule ? Même pas peur !