Tout d’abord, je tiens à souligner le travail impressionnant que produire un tel film en stop-motion a dû demander. On peut clairement dire que la grande qualité de ce film est la créativité de l’univers, l’esthétique des personnages et l’animation qui sont très réussis. Le spectateur est tout de suite plongé dans l’ambiance particulière de ce monde victorien dès les premières minutes du film. Les décors, la luminosité, l’expressivité des visages des personnages de "Les Boxtrolls" nous charment dès les premières minutes.
A l’ouverture du film, l’intrigue s’installe quand Archibald Trappenard vient annoncer à Lord Portley-Ring, lequel siège sur le conseil des Chapeaux Blancs dirigeant la ville, qu’un enfant a été kidnappé par les Boxtrolls. En échange du droit de porter lui-même un Chapeau Blanc qui lui offre notamment le privilège d’être convié aux réunions où les membres du conseil dégustent de fromages tout en prenant des décisions pour la ville, Trappenard promet de mettre fin au fléau de ces monstres nocturnes.
En réalité, nous apprenons bien vite ce qu’il en est quand, la nuit tombée, des petites créatures dans des boîtes jaillissent des profondeurs de la ville. Ce sont des petits trolls qui fouillent les ruelles à la recherche de tout ce que les humains jettent et qui pourrait leur servir. Ce sont en réalité un peuple d’inventeur vivant sous les terres de Cheesebridge et qui se révèlent être de vrais poltrons. Dès qu’un humain s’approche d’eux, ils se cachent en tremblant dans leurs boites, sans jamais chercher à se défendre.
Et parmi eux, nous retrouvons Oeuf, un petit garçon enveloppé d’une boîte que les Boxtrolls protègent et élèvent comme l’un des leurs. Il faut dire que toute la première moitié du film, où nous découvrons ce monde souterrain, les créatures qui y vivent, et l’adorable lien qui se tissent entre le petit garçon grandissant et ses étranges compagnons est probablement la meilleure partie. C’est précisément cela que je recherchais dans le film et j’ai apprécié la douceur et la légèreté des scènes qui nous présentent l’univers des Boxtrolls et de leur adoption de ce petit garçon.
Si "Les Boxtrolls" est bourré de bonnes idées, le film souffre malgré tout de quelques longueurs. L’intrigue ne suffit malheureusement pas à tenir en haleine pendant les 1h30. D’un côté, je soulignerais la volonté du scénario a vouloir questionner son public à travers les doutes de ses propres personnages : la question du rôle essentiel d’un père dans la famille, et surtout l’éducation de son enfant ; la différence d’Oeuf avec ses compatriotes humains qui l’exclus d’une part d’eux par ses manières différentes mais va bouleverser leur façon de penser en proposant un nouveau point de vue. Enfin, la troisième grande question et du moins celle que j’ai préféré est la remise en question des méchants de leur propre rôle dans la lutte du bien contre le mal. D’autant plus quand on prend en considération le clou de l’intrigue (que je ne peux détailler sans craindre de vous spoiler) qui est à la fois d’un ironisme mordant et sans doute la meilleure conclusion qu’il faudra retenir sur la fin. D’un autre côté, le film s’alourdit en étant parfois un peu trop explicatif, le rendant de fait prévisible. Si le design des personnages est excellent, leur fascination pour les fromages comique, je regrette cependant qu’ils soient tous bien trop caricaturaux.
En conclusion, si je suis émerveillée par l’univers dickens-ien très bien représenté, la technique d’animation et l’ambiance musicale qui est parfaite. Je regrette que le fond ne soit au rendez-vous qu’à moitié. Avec une bon quart d'heure de moins, "Les Boxtrolls" auraient à mon avis gagné plus de suffrage. Un peu dommage, donc !