Un bon divertissement populaire "qualité française"...
Bien sûr, j'utilise cette expression avec un brin d'ironie, référence aux membres de la Nouvelle Vague qui qualifiaient ainsi le "cinéma de papa", plat et consensuel, propre techniquement mais sans innovation ni regard véritable de l'auteur, qui se contentait le plus souvent de transposer sur grand écran des œuvres emblématiques du patrimoine littéraire français.
On peut effectivement avoir cette impression face aux "Brigades du Tigre", qui prolonge une tendance contemporaine à adapter les séries télévisées d'autrefois, à l'instar de "Vidocq", "Arsène Lupin" ou "Belphégor", autant de sévères déceptions dans leur version filmique.
Cela dit, "Les brigades du Tigre" s'en sort nettement mieux je trouve. Certes, il ne faudra pas y chercher une grande subtilité psychologique ni une immense rigueur scénaristique, mais le réalisateur Jérôme Cornuau emballe ce récit plaisant avec un certain panache.
Celui qui cumulait les nanars au siècle précédent ("Bouge!", "Folle d'elle") propose ici une mise en scène tout à fait honorable, ponctuée de jolies séquences, à commencer par celle du théâtre, belle et inquiétante, où la princesse russe rappelle l'histoire de son pays au milieu des décors et protagonistes de la pièce "Ivan le Terrible".
Les scènes d'action sont également bien réalisées, à l'image de l'assaut donné pour arrêter Jules Bonnot, dont la scénographie évoque une bataille historique, au cours de laquelle les soldats s'entretuent sous les yeux des généraux.
Doté d'un budget conséquent, "Les brigades du tigre" bénéficie à ce titre d'une distribution prestigieuse à l'échelle française : Clovis Cornillac, Edouard Baer, Thierry Frémont, Gérard Jugnot, Stefano Accorsi, Léa Drucker sont ainsi au générique...
Si l'interprétation se révèle très inégale, le film offre toutefois un très beau rôle à l'allemande Diane Krüger, qui remonte dans mon estime, ainsi qu'à Jacques Gamblin dans la peau de l'anarchiste Bonnot.
Quant à Olivier Gourmet dans le rôle de Terrasson, il serait lui aussi excellent sans cet accent méridional mal assimilé.
L'arrière-plan historique mêle des évènements et des personnages réels (tels que Jean Jaurès ou Jules Bonnot) et des éléments de pure fiction ; le procédé est un brin artificiel, mais ce décor de la Belle Epoque offre aux "Brigades du tigre" un bel écrin historique, d'autant que la reconstitution apparaît soignée.
Au final, un film grand public généreux et divertissant, à défaut d'être une réussite totale (on regrettera surtout un rythme aléatoire et quelques grosses ficelles pas indispensables).
En revanche, pour les fans de la série, le film de Cornuau s'avère moyennement fidèle au matériau original, se contentant de reprendre les principaux personnages et le thème musical de Claude Bolling.