Au cours des 70's, le Théâtre du Splendid se fait remarquer à Paname au même titre que le Café de la Gare de Romain Bouteille. De même, ses fondateurs commencent à se faire remarquer dans divers films (dont ceux de Bertrand Tavernier). L'une de leurs pièces, Amours, Coquillages et Crustacés (1977), évoque le Club Med et ses camps de vacances, notamment ceux en Afrique. Des camps où certains membres du Splendid ont joué à une certaine époque. Suite à une représentation, le producteur Yves Rousset-Rouard propose à ses auteurs (dont son neveu Christian Clavier) d'en faire une adaptation pour le cinéma. Ayant apprécié Les Vécés étaient fermés de l'intérieur (1976), ils proposent à Patrice Leconte de réaliser le film.


Le Club Med ayant peur de la mauvaise réputation que pourrait donner le film, ils n'acceptent pas que l'équipe s'installe dans un de leurs camps de vacances. Le film sera donc tourné dans un village ivoirien. Effet Streisand s'il en est, si la marque n'est pas citée, tout le monde pense au Club Med et il ne serait pas étonnant que des gens soient partis là-bas suite au film.


Les Bronzés met en scène un groupe de personnages en passe de devenir potes ou connaissances. Certains sont mariés, d'autres dans l'éventualité de conclure, quelques uns ont trompé leur compagnon / compagne. Puis il y a les touristes et ceux qui travaillent au camp. La galerie de personnages fonctionne du tonnerre, car ils tirent tous leur épingle du jeu.


Il y a Jérôme (Clavier), le docteur vantard amateur de string et fin négociateur (non). Bernard et Nathalie forment un couple cumulant les tromperies "entre copains" (Gérard Jugnot et Josiane Balasko). Popeye (Thierry Lhermitte) déprime que sa femme le trompe, quand lui-même fait passer ses multiples conquêtes sur une balance pour voir le nombre de kilogrammes de femmes il baise. Bobo (Luis Rego) est un comique raté, là où Bourseault (Michel Creton) est une star de l'humour fauché en plein succès. Christiane (Dominique Lavanant) est la fille avec qui ça ne marche pas, trouvant une sorte d'équivalent improbable avec Jean-Claude Dusse (Michel Blanc), malchanceux total. Gigi (Marie-Anne Chazel) est la bonne copine qui peut vous piquer votre mari en tout bien tout honneur. Lenny (Michel Such) essayera tout le film de tenir en ski nautique. Puis il y a aussi Bruno Moynot foutant une tannée à Jean-Claude.


Mais ce qui marque dans Les Bronzés est que chacun est assez détestable. Ils ont tous d'énormes défauts et le spectateur s'amuse d'eux autant qu'il peut se reconnaître dans certains traits. Car oui, on a tous un peu des Bronzés en nous et on a surement déjà rencontrer des gens leur ressemblant, en vacances ou ailleurs. C'est ce qui rend le film aussi évident pour le spectateur et tous les rôles sentent le vécu.


Les Bronzés n'est pas aussi réussi que sa suite, mais il s'impose comme une comédie de vacances crédible et fun qui n'a pas tant perdu de son intérêt. Les temps ont changé, mais les camps de vacances pas tant que ça, ni leur public et encore moins leur regard vis à vis des autochtones (cf le passage au marché).


Patrice Leconte trouve là son premier succès (2,3 millions d'entrées), lançant le Splendid au cinéma. Néanmoins, il faudra attendre plusieurs années pour que le film devienne vraiment populaire, notamment grâce à un très grand nombre de rediffusions. Il faut dire qu'il est difficile de passer à côté du slip d'algues de Jean-Claude ou du bide de la Valise.

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le 14 janv. 2025

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