Voilà un film que j’ai toujours eu du mal à évaluer. Au-delà de sa valeur intrinsèque, relativement modeste avouons-le, c’est le film qui voit débarquer une nouvelle génération, un nouvel humour et une autre France. Ma référence, c’est davantage sa suite que je trouve cent fois plus drôle, chargée de répliques cultes et de scènes inoubliables. Aussi, ce premier opus, qui, à l’origine, n’appelait pas de suites, a, à mes yeux, toujours vécu dans l’ombre de son successeur. Je l’ai vu bien moins de fois et je ne me suis jamais bidonné comme sur le deuxième. Il manque ici des scènes et des répliques aussi marquantes que sa suite saura trouver. Avec le recul et le temps qui passe, même si je suis toujours incapable de me remettre dans le contexte de sa sortie, je comprends mieux en quoi ce film tranchait avec ses contemporains en abordant, avec un ton nouveau, des thèmes rebattus de la comédie française.
Les Bronzés, et c’est son mérite, s’apparente davantage que sa suite à une violente satire des mœurs de son temps. Les voyages Club Med, les couples qui se veulent libérés et modernes mais qui n’en ont pas le tempérament, tout cela est croqué avec un sens aigu de l’observation qui, en son temps, a dû faire mouche et toucher une frange de la population. L’humour est parfois un peu gras et annonce justement ce virage comique. On pourrait dire, en quelques sorte, que le cinéma alors se libérait de ses habituelles chaînes de ses comédies familiales pour les 7 à 77 ans. Le résultat n’est pas forcément hilarant même si les acteurs semblent déjà maîtres de leur art, épatants de naturel et de justesse. Mais on y trouve une vraie volonté de casser les codes.
Aujourd’hui, il faut presque le regarder comme un témoignage de son temps et comme un déclencheur de ce que seront les comédies françaises qui suivront. On se fracassera parfois dans la comédie trop franchouille mais on parviendra à se libérer d’un humour désuet, propre aux années 50, 60 et début des années 70 qui, aujourd’hui, ne fait que rarement mouche. Ce n’est pas une totale réussite mais il se dégage de premier film du groupe du Splendid une véritable fraîcheur qui fait toujours du bien à retrouver. Moins culte que Les Bronzés font du ski et Le Père-Noël est une ordure, mais une comédie qui a, au moins, le mérite de poser les jalons d’une nouvelle façon de faire de la comédie en France.