Moderne et ambitieux, Les bruits de Récife peine à convaincre totalement. On a pourtant envie de le défendre. Cette volonté de mêler l'unique à l'altérité par le prisme d'une mise en scène soignée et d'un impressionnant travail sonore, mérite qu'on s'y attarde.
À l'image du quartier qu'il pénètre, le film fonctionne par strates. Entre le très intime et le monde social hiérarchisé, il lance des passerelles, crée des associations, multiplie les passages. Il arrive que l'on s'y perde, que le lien ne soit pas assez lisible, mais on ne peut que saluer la démarche volontaire de Kleber Mendonça Filho.
Les premières images, portées par un montage sonore riche et dissonant, sont particulièrement bluffantes. On retrouve cette force à certains moment du film, lors de magnifiques cauchemars notamment. Le travail du son est souvent mis en avant, créant alors d'audacieux télescopages qui brutalisent nos sens et vrillent nos perceptions. On ne retrouve pas cette maîtrise durant tout le film. Le travail narratif suit lui aussi cette courbe. Quelquefois brillant, d'autres fois confus, il peine à garder le cap.
Souvent décrit comme un soap auteurisant, Les bruits de Récife réussit à créer un climat plutôt malaisant, entre mystère et angoisse, dont la sourde rumeur monte tout le long du film. Les dernières scènes, montées en parallèle, proposent une subtile conclusion, brutale et singulière.