Les Camarades reprend peu ou prou l'intrigue des Bas-fonds de Gorki : des miséreux sont poussés par un homme, pourchassé par la police, à se rebeller contre leurs oppresseurs. Le professeur charismatique, qui pousse les ouvriers à la grève générale, est toutefois sincère dans sa démarche. Mastroianni parvient à dépeindre avec perfection les dilemmes de son personnage, entre conviction politique indépassable, peur pour sa propre vie, nostalgie de ses proches, jusqu'à la dernière scène où la culpabilité le submerge bien malgré lui. On ne pourra pas me convaincre qu'il n'a pas très fortement inspiré le personnage d'El Professor dans la Casa de Papel. Les Camarades est donc un film engagé, qui fait la part belle aux opprimés tout en rappelant leurs luttes à l'importance capitale. Si le collectif l'emporte sur l'individuel, si bien que presque personne à part Mastroianni ne sort du lot, tous ont leurs caractéristiques propres, permettant un attachement émotionnel dont saura se servir Monicelli : le film se referme en même temps qu'une porte, tragiquement, scellant le destin d'un jeune garçon condamné à une prison qu'il ne peut même pas encore percevoir.