Premier film de commando, Les Canons de Navarone pose les bases d’un genre qui navigue entre le film de guerre et le film d’aventures. Entre le recrutement, le voyage, les scènes d’infiltration, les péripéties spectaculaires (le naufrage du bateau, la scène de l’escalade, etc.), le dévoilement de chacun des personnages au fil de l’intrigue, la présence du traitre, et l’accomplissement de la mission en elle-même, un nouveau genre se fait jour porté par une pléiade de stars.
S’il a quelque peu vieilli et s’il souffre de la comparaison avec d’autres films de ce genre plus spectaculaires car plus récents et moins académiques, il a pour lui sa grande maîtrise de l’ensemble qui assure au film une totale cohérence et évite les longueurs que ce type de production peine difficilement à contourner. Si l’histoire est fictive, le tout est crédible (même si on a toujours du mal à croire qu’une poignée d’hommes ait été capable de changer le cours de l’Histoire), mais c’est le principe de ces films où la guerre n’est qu’un contexte favorable à susciter l’aventure.
Si tout est bien conduit, étonnamment sec parfois, on pourra regretter que le film baisse d’intensité sur la fin au moment justement de faire exploser les fameux canons. Où on attend une surenchère spectaculaire, l’action se fait plus discrète et la tension est trop artificielle (on sait que l’entreprise sera une réussite et le suspense lié à la scène est inutilement long). Cela ne gâche cependant pas le plaisir qu’on prend à regarder ce film divertissant, riche en scènes épiques, parfaitement interprété (notamment par son trio Peck – Niven – Quinn). La réputation de l’ensemble, qui en fait un véritable chef-d’œuvre, paraît, malgré tout, exagérée.