Les Chambres Rouges est un film à part.
C'est déjà une production Québécoise qui pour une fois se savoure sans plisser les yeux et sans chercher un fichier ST dès les 5 premières minutes (Coucou Simple comme Sylvain.)
C'est aussi un film sur lequel il est compliqué d'apposer l'étiquette d'un genre quelconque. Film de procès, film d'horreur, thriller psychologique. C'est à la fois un peu tout ça et quelque chose de complètement différent.
Car certes le film ouvre devant la diatribe du procureur et se déroulera majoritairement dans un tribunal et on s'attendra donc brièvement à une resucée de douze hommes en colère mais il n'en est rien.
Or, après avoir entendu les chefs d'inculpation reprochés à l'accusé , une liste longue comme le bras de sévices infligés à de jeunes adolescentes dans une 'redroom' (nom donné aux lieux qui servent de chambre de torture, dans lesquelles les exactions sont filmées et diffusées en live sur le darkweb a une audience qui paye pour visionner) on s'attendra davantage à une série de flashbacks et à une enquête policière à la Seven, mais il s'agit pas de cela.
Le film prend le parti relativement inédit de suivre une spectatrice du procès sur laquelle il sera compliqué de révéler quoi que ce soit sans spoiler, il suffit juste de savoir qu'elle s'intéresse au tueur.
La force du film réside donc en sa capacité à transmettre l'horreur des faits par un personnage tiers sans jamais utiliser un quelconque contenu graphique. Tout n'est que non-dit, hors champ et sous entendu. Au fur et à mesure que le procès se déroule, le spectateur apprend à connaître l'héroïne - une jeune femme d'abord plutôt simple et renfermée voire même sympathique - dans son intimité, ses loisirs et finalement sa psyché.
Le film parvient à happer le spectateur et à l'enfermer avec elle, de sorte qu'il soit lui aussi spectateur des évènements.
Cette mise en abyme facilite l'instauration d'un malaise de manière progressive, qui se transforme peu à peu en horreur puis en terreur. Le tout se fait avec la plus grande malice et de manière insidieuse. Pascal Plante réussi à capter les tréfonds malsains de l'âme humaine et à le filmer avec la plus grande intelligence.
J'ai beau être un grand consommateur de films de genre, je n'ai que rarement ressenti autant de mal-être que devant Chambres Rouges et je suis persuadé que la scène du 'coucou' au tribunal, seule scène ou l'accusé interagit avec l'audience, me hantera pendant encore longtemps.
Les Chambres Rouges est un film peu conventionnel, mais un film qui parvient à entraîner le spectateur dans un tourbillon de terreur mémorable qui le laisse KO avec une seule certitude : celle qu'il vient de visionner un grand film, film qu'il ne reverra plus jamais.