C'est presque devenu une tradition.
Comme une olympiade du cinéma.
Tous les ans, quelques réalisateurs du monde occidental se préparent dans l'espoir d'obtenir une petite statuette dorée.
Ainsi chaque année depuis près d'un siècle, on se bouffe régulièrement des productions d'un académisme presque forcené.
Et tout ça pourquoi ?
Tout ça pour des films tels que ces "Chariots de feu".
Alors OK tout ça est bien propre, bien lisse et bien consensuel.
On titille la fibre historique, on célèbre la jeunesse et les esprits tantôt libres tantôt battants. Et tout ça sur fond de jolis ralentis et de belles reconstitutions d'époque...
J'avoue d'ailleurs y avoir retiré quelques bons moments.
Juste pour cette belle glorification au ralenti de jolis corps heureux foulant la plage au matin, juste pour le charme désuet de la musique de Vangélis, ou bien juste encore pour ce plan astucieux d'un Ian Holm voyant un drapeau britannique se dresser à sa fenêtre, ce film n'a pas été - du moins me concernant - totalement à jeter.
Par contre pour tout le reste, franchement, on repassera.
Que tirer de cet ode faite de ces athlètes des années 1920 ?
Ils étaient insouciants et lisses, animés de foi et de patriotisme.
Ils couraient dans de jolis uniformes la mèche au vent...
Oui... Et ?
En quoi est-ce censé me transporter ?
Voilà un film qui parle de course à pied et qui finalement n'en fait pas grand-chose.
Quelques ralentis.
Quelques plans fixes sans coupe histoire de transmettre l'instant de manière brute.
Ce n'est certes pas totalement dénué de charme mais pas de quoi tenir 2h20.
D'ailleurs, à bien tout prendre, l'essentiel de ce film ne tient la plupart du temps qu'en de longs dialogues (et parfois monologues) souvent mal chevillés entre eux.
On commence en priant à l'église puis - flash-back - on coure sur la plage.
On rentre à l'hôtel puis - flash-back - on remonte au moment de la rencontre des athlètes.
On commence à creuser les débuts de deux futurs médaillés de 1924 (dont l'un n'existe pas d'ailleurs) puis - enchassement violent - on part en Écosse en découvrir un autre.
Et dans tout ce mic-mac étrangement ficelé, les courses se retrouvent souvent éclipsées par des discours sur la course en elle-même.
Pourquoi court-on ? Pour qui court-on ? Pourquoi ça a du sens ?
2h20 durant lesquelles, au fond, ce film passe totalement à côté de son sujet.
Tu veux transmettre au spectateur la transcendance que ça apporte de courir à bloc ? Eh bah tais-toi et fais-nous ressentir ça deux secondes.
Ça aurait été mille fois plus efficace qu'un long discours bigot et creux.
Mais bon voilà, quand bien même ce film remodèle grandement l'Histoire à sa sauce et quand bien même défend-il des valeurs et une imagerie douteuses, qu'au final il a tout de même réussi son coup.
A la fin ces "Chariots de feu" ont malgré tout gagné leur compétition.
Ils ont eu leurs médailles d'or, dont celle du meilleur film et de la meilleure réalisation.
Alors tant mieux pour eux et tant pis pour nous.
Ainsi, les olympiades persistent-elles encore aujourd'hui, continuant de stimuler la production de ce genre de cinéma sans audace et bien formolé.
Les adeptes s'en réjouiront et tant mieux pour eux.
Mais pour ceux qui recherchent un peu de sport dans leur découverte du cinéma, je crois bien que c'est voir ailleurs qu'il faudra...