"Les Chemins de Katmandou", film de Cayatte tourné en 1969 sur un scénario de Barjavel lui-même tiré d'un roman de ... STOP ; René Barjavel a dû être tellement inspiré par le scénario qu'il venait d'écrire pour le film de Cayatte, qu'il a éprouvé le besoin d'en tirer un roman qui sortira postérieurement au film ... Il n'y a pas de petits profits...
Le film est un réquisitoire (normal , c'est Cayatte) contre la drogue. Euh, non, c'est pas tout-à-fait ça, non plus. C'est un réquisitoire contre les illusions de certains jeunes qui quittent une civilisation occidentale (pourrie et finie) pour une mouvance hippie où la liberté en tout est le maître mot et où on recherche la félicité ou le paradis ultime à travers des paradis artificiels.
Le scénario est assez mince et surtout, rempli de stéréotypes. Le jeune Olivier participe activement à la "révolution" de mai 1968 mais à la sortie, il se rend compte qu'il faut se remettre à travailler comme avant. Cocu, il se considère. Sa mère, divorcée, est mannequin et se fait passer pour une jeunette de 20 ans. Evidemment, comme on sait bien comment ça se passe dans ce genre de métier, elle mène une vie parfaitement dissolue.
Ça plus ça, le petit Olivier, jeune adulte et petit con, prend la grosse colère et décide de partir rejoindre son père qui a fait fortune en organisant des chasses au tigre à Katmandou au Népal pour le compte de riches touristes.
Vous me voyez maintenant venir car sur la route il rencontre une bande de hippies qui vont justement à Katmandou ; Evidemment, on s'en doute, ils ne fument pas que des gauloises et ne boivent pas que de l'eau. On est plutôt dans les cocktails de produits illicites ... Tout aussi évidemment, dans la bande, il y a une charmante Jane Birkin dont Olivier tombe amoureux (même si elle pratique l'amour libre) et tentera de l'arracher à l'enfer qui se dessine pour elle comme avenir.
Je reviens sur le personnage d'Olivier que j'ai résumé par "jeune adulte et petit con". L'autre idée de Cayatte c'est de transformer le périple d'Olivier en un espèce de voyage initiatique. En effet, depuis sa désillusion du mouvement soixante-huitard jusqu'à Katmandou, Olivier ne rencontre pratiquement que de parfaits salauds. Je ne veux pas complètement déflorer le film mais Olivier, lui aussi, a un comportement antipathique et indigne. Le vrai petit con qu'on bafferait juste pour le plaisir. Son père qu'il finit par retrouver n'a évidemment aucune fortune et travaille pour le compte d'un trafiquant d'antiquités népalaises (Serge Gainsbourg dans ses grandes œuvres).
La seule échappatoire que Cayatte va trouver pour Olivier, c'est de le recycler dans l'humanitaire en Inde où il pourra avoir le sentiment de servir enfin à quelque chose d'utile...
Côté casting,
L'acteur qui joue le rôle d'Olivier est Renaud Verley que je ne connais pas bien et qui me semble tenir habituellement des seconds rôles. Ici, son personnage est vraiment antipathique et ne dégage guère d'empathie. Personnellement, je n'ai pas trouvé son jeu transcendant. Trop brut de fonderie.
Elsa Martinelli joue le rôle de la mère d'Olivier sans grand relief sinon qu'elle est très belle.
Jane Birkin dans le rôle d'une jeune hippie idéaliste est émouvante d'autant qu'on la voit s'enfoncer peu à peu dans ce qu'elle pensait, de bonne foi, être un nirvana et qui va se révéler être un enfer.
Serge Gainsbourg joue le rôle du trafiquant de statuettes. Son personnage est celui d'un immonde salaud, d'autant plus immonde qu'il parait avenant et sympa. Mais son personnage ne m'a pas vraiment convaincu.
C'est aussi Serge Gainsbourg qui a réalisé la bande son qui est en ligne avec le film.
Un point positif quand même c'est la photographie avec les vues des temples bouddhistes au Népal, les cortèges ou les danses folkloriques.
"Les chemins de Katmandou" est un des films de Cayatte que je n'apprécie guère. A trop vouloir démontrer, à trop grossir les traits, on finit par perdre de la crédibilité. A part Jane Birkin qui est une victime et un copain d'Olivier, sincère, engagé dans l'humanitaire, le monde selon Cayatte n'est composé que de salopards. Le film finit par être vraiment trop schématique ou trop manichéen.