Considéré comme le premier vrai grand film de Alfred Hitchcock (aka le maître du suspense), "Les Cheveux d'Or" est quelque peu retombé dans l'oubli face aux grands classiques du maître qui nous l'a fait découvrir (Psychose, Fenêtre sur cour et Sueurs Froides sont les 3 revenant presque systématiquement). Je dois confier avoir été assez enjoué de retrouver un réalisateur qui a fait ses débuts dans le muet. Allait-il déjà avoir cette faculté de nous dessécher les yeux face à un récit d'une tension redoutable comme il en a le secret ? La réponse fut à mon grand dam très moyenne mais cette note tient plus d'une sanction que d'un ennui qui n'était pas présent. "Les Cheveux d'Or", premier bon point, est rythmé. Pour ceux qui ont toujours eu du mal avec le muet, c'est une crainte qui sera très rapidement estompée.
En fait, ce qui m'a posé problème, c'est finalement le scénario lui-même. Je m'attendais à une expérience sordide à la "M le Maudit", à suivre les policiers dans leur enquête face à cette vague de crimes perpétrés sur des belles filles blondes, à être baladé dans les rues londoniennes blafardes. J'espérais un film macabre et il n'en a pas été. A la place, j'ai eu l'impression d'avoir un simili Kammerspiel, un quasi huit-clos dans une pension avec à son bord un triangle amoureux. Tout d'abord Daisy et face à elle son soupirant policier et le mystérieux homme qui sera très vite la cible de soupçons. Je l'ai précisé, si rythme il y a, où est le suspense ? Où est l'inquiétant ? Soit deux composantes indéboulonnables de ses plus grands chefs-d'oeuvre. En voulant regarder "Les Cheveux d'Or", je n'avais pas comme envie de me retrouver face à des batifolages omniprésents et des crises de jalousie.
A la limite, j'aurais toléré cela s'il y avait un équilibre entre le côté policier et le côté sentimental, quitte à ce que cela augmente la durée de 30 minutes voire même plus. Le récit m'aurait semblé plus complet, ne m'aurait pas dérangé car il met ici son enquête en hors-champ. "Les Cheveux d'Or" me laisse la désagréable impression d'un projet inabouti qui était pourtant très vendeur sur le papier. Certains apprécieront quelques scènes plutôt couillues pour l'époque.
La scène dans la baignoire et le baiser en gros plan