On ne s'étonnera pas, a posteriori, qu'Hitchcock se soit intéressé au cas de Jack l'Eventreur, figure criminelle légendaire mais surtout psychopathe qui a quelque comptes à régler avec les femmes blondes. Bien sûr, "The lodger" (connu par ailleurs sous le nom "Les cheveux d'or") est une oeuvre de jeunesse imparfaite et encore loin de consacrer Hitchcock maître du suspense et de la psychanalyse.
Pour tout dire, l'intrigue et le film ne sont guère intéressants, en dépit que la conclusion inattendue révèlera que le réalisateur a habilement trompé son monde. On découvre déjà la roublardise du cinéaste, capable de raconter une histoire de Jack l'Eventreur...
sans Jack l'Eventreur.
Il rest que mon intérêt pour le film relève de la recherche, au coeur du récit, de la thématique et des grands principes hitchcockiens. Hors quelques plans et mouvements de caméra élaborés qui détonent dans la production du cinéma muet et qui sont des indices de l'inspiration du cinéaste, j'ai été surtout frappé par l'audace avec laquelle le cinéaste filme son héroïne. D'abord, parce qu'il est des plans d'une étonnante sensualité; ensuite, parce que, d'une façon que je qualifierais presque de subversive, Daisy préfère, à l'amour du policier qui traque Jake l'Eventreur, celui de son inquiétant locataire... Déjà se manifestent ici les turpitudes psychologiques des personnages hitchcockiens, prenant à contre-pied les figures morales imposées. Hitchcock marque ainsi son empreinte sur un sujet-bateau...et son goût pour les femmes blondes.