La ballade des gens qui sont nés quelque part

https://www.youtube.com/watch?v=bXsZRzDyRp0

«Les Chiens de Paille» est le sixième film de Sam Peckinpah.
Mais c’est le premier à ne pas être un western, genre américain par excellence.
Du coup, paria à Hollywood suite à sa propension à envoyer son poing dans la gueule des types qu’on appelle producteurs (et lui, des enculés) mais qui font les chèques pour qu’il fasse des films et qui, décidément, ne comprennent rien au cinéma, le Sam ne tourne pas son film aux Etats-Unis mais en Cornouailles.

Lors du tournage de "The Ballad of Cable Hogue", son précédent métrage, il travaille déjà à l’adaptation du roman de James Dickey, "Delivrance", film qui sera finalement mis en scène pas John Boorman en 1972.
Pourtant, à l’instar du banjo-tour/danse du cochon des bois de Boorman, Peckinpah accouche d’un grand film ambigu, pessimiste, où il éclaire un sujet qui le passionne : la barbarie. Les rémanences des pulsions primitives chez l’homme moderne, enfouies sous le vernis des lois et de la civilisation. Le héros, chez Peckinpah, est une bombe à retardement et Dustin Hoffman n’échappe pas à ce processus immuable qui voit la tension progresser jusqu’au morceau de bravoure final, éjaculatoire et baroque, ciselé par l'art du montage et le goût du cinéaste pour les déchaînements de violence stylisés, emphatiques mais brutaux.

Peckinpah emprunte au drame psychologique pour tisser son histoire, pose un regard cynique et pessimiste sur le couple, les deux premiers tiers du film s’obstinant à décrire un personnage veule, lâche, incapable de tenir tête à des voyous, ces imbéciles heureux qui sont nés quelque part, qui mettent en péril l’intimité de son couple malgré sa supériorité intellectuelle et sociale. Misogyne, seul avec sa femme, il l’humilie, lui reprochant son ignorance et la plaçant, tout comme les futurs agresseurs, dans un rôle prompt à assouvir ses pulsions sexuelles.
Il est d’ailleurs cocasse de constater que l’étincelle, l’éveil à la violence du personnage de Hoffman se fera au moment de défendre sa maison et non pas sa greluche. Comme dans un western. L'homme moderne dans toute sa splendeur, baissant la tête en société, despote en chambre, grignoté par l'hésitation et la lâcheté qui coule dans ses veines.

Réflexion désabusée et à la fois lucide, sur le couple et son fonctionnement nébuleux. Straw Dogs ne dénonce pas la violence, même si elle imprègne toute sa dernière partie, mais cherche à en éclairer les méandres, les raisons, la mécanique, jusqu'à son explosion de conséquences.
Aussi sombres soient elles.
C'est l'animal, derrière ses verres de lunettes cassés, qui reprend ses droits.
DjeeVanCleef
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le 16 mars 2015

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DjeeVanCleef

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