En pleine sueur.

Alors que la chaleur se fait suffocante, quatre truands braquent un convoi, ce qui va aboutir à la mort d'un des leurs. Ensuite, ils vont prendre en otage une femme, après en avoir égorgé une, et vont grimper dans une voiture où un homme doit emmener son fils souffrant à l'hopital.

Les chiens enragés aurait pu ne jamais sortir, car la mort accidentelle du producteur, peu avant la fin du tournage laissera non seulement le film inachevé, mais un imbroglio juridique en empêchera toute exploitation. Il faudra attendre plus de vingt ans et l’opiniâtreté de Lamberto Bava, son père réalisateur étant alors décédé, afin que le tournage soit enfin terminé, avec quelques raccords manquants, et diffusable. En France, il ne sera véritablement reconnu qu'en 2015, soit plus de quarante ans après !
Jusqu'alors, le film avait sa réputation parmi les cercles de fans de Mario Bava, qui s'attaquait pour une des seules fois au poliziottesco, et quel choc !

La chaleur fait véritablement partie intégrante de ce drame confiné la plupart du temps dans cette petite Opel, où les corps sont en sueur, mais certains vont aller jusqu'à la folie, comme Trentadue, joué par George Eastman, qui se montre pressant envers la demoiselle prise en otage. En fait, les trois braqueurs ont chacun leur personnalité ; l'un stoïque, l'autre mi-sérieux mi-dérangé, et le dernier dont j'ai déjà parlé qui est un vrai barge. A travers des moyens réduits, Mario Bava exploite au lieux l'horreur de la situation, à travers de scènes souvent dérangeantes comme celle de la jeune femme qui va devoir faire pipi debout devant deux des mecs, ou alors cette fin absolument incroyable, une noirceur inenvisageable aujourd'hui.
En fait, je vois aussi dans le film comme un passage aux Enfers en passant par le Styx qui est représenté par cette voiture, et les braqueurs comme des guides emmenant ces victimes innocentes, cette femme, ce père et son fils, dans un chemin dont ils ne connaissent pas la destination.

Jusqu'à la fin de sa vie, Mario Bava éprouva un énorme regret de ne pas pu sortir Les chiens enragés, car cela montre non seulement sa versatilité, mais aussi de toucher à tout avec talent. A ne pas recommander à tout le monde, mais on en ressort sonné.