« Cani arrabbiati » fait figure d’OVNI dans la carrière de Mario Bava, tant il est éloigné de son style habituel. De plus, le film connut une production houleuse. Tourné chronologiquement en quelques semaines en plein mois d’août, dans des conditions difficiles (l’équipe technique n’aurait pas été payée !). Avant que son producteur ne fasse faillite, enterrant le projet.
Des années plus tard, plusieurs personnes seront déterminées à compléter le film. Parmi elles, Lamberto Bava, fils du réalisateur, et Lea Lander, l’une des actrices. Cela aboutira à plusieurs versions, éditées en vidéo. Il en existerait 6 (!), gardant le même cœur, mais avec des variations sur la fin, la musique, le doublage, ou les scènes additionnelles (clairement tournées dans les années 90).
Pour ma part, j’ai visiblement vu la version dite « Kidnapped », la 5ème.
Ce qui ressort immédiatement de l’œuvre est sa noirceur. Avec d’une part l’aspect crasseux des personnages, au propre comme au figuré. Les corps suintants (les effets d’un tournage en août), l’absence de morale, les trois braqueurs vicelards qui prennent en otage une innocente et pauvre homme qui tente d’amener son fils à l’hôpital. Et d’autre part la violence osée pour l’époque : personne ne se sent en sécurité, n’importe quel innocent peut y passer dans ce film !
Puis, l’originalité du cadre. Pratiquement tout le film se déroule dans une voiture, plus ou moins en temps réel, sacré tour de force de mise en scène. La tension est permanente, entre les intentions troubles du cerveau des braqueurs (Maurice Poli), et le gorille qui ne pense qu’avec sa grosse banane (George Eastman, en mode outrancier). Et puis l’idée géniale d’avoir en toile de fond cet homme posé (Riccardo Cucciolla) qui tente de calmer le jeu pour sauver son fils.
Je regretterai une musique un peu étrange, semblant synthétique. Ainsi que des inserts pas toujours adroits. Mais c’est visiblement dû à la version que j’ai vue et/ou à la production chaotique.
En tout cas ceci est rattrapé par un twist final qui secoue, et qui donne une autre lecture à l’ensemble.