L'idée est plutôt drôle, imaginer les chinois occupant l'Europe et donc la France, transposant ainsi les thèmes liés à l'occupation allemande (collaboration, résistance) à une occupation chinoise. Cela donne même quelques moments très réussis comme le Carmen de Bizet revisité à la sauce opéra révolutionnaire de Pékin, ou l'ancien curé devenu marxiste et ayant adopté la nationalité chinoise (Paul Préboist), utilisant son talent de confesseur au sein de la « police civique ». Curieusement, le film, qui suscita les protestations des chinois et des groupes maoïstes de l'époque, qui allèrent même jusqu'à manifester devant les salles et jeter de la peinture sur les écrans, qui fut accusé de « racisme » par la critique, est pourtant bien plus sévère vis-à-vis des Français que des occupants chinois dépeints de manière plutôt sympathique (ils n'usent jamais de violence et c'est même eux, qui, dans une scène du film, empêchent les policiers de tabasser un suspect). Les Français sont veules, collabos, lèche culs, paresseux, inefficaces au niveau du gouvernement, intéressés, faux résistants de la dernière minute, à tel point que les chinois, complètement dépassés, finissent par renoncer à occuper la France. C'est peut-être cette vision complètement désenchantée et surtout l'impression que le réalisateur ne la condamne pas, voir qu'il l'approuve en ce qui concerne le personnage qu'il joue lui-même, qui laisse une impression de malaise. Petit détail amusant, Jean Yanne avait été, quelques années auparavant, l'interprète principal du film de Jean-Luc Godard, Week-end. Il s'en est manifestement souvenu en reprenant au début du film les scènes avec de longs travellings sur les carambolages enchevêtrant des voitures et des corps sanglants, ainsi que des bagarres entre automobilistes pris de furie assassine. Mais, on est loin du génie de Godard.