Ce film "les choristes" est un remake fait en 2004 de "La cage aux rossignols" de Jean Dreville (1945).
L'action du film de Dreville se situe plutôt dans les années 20 tandis "les choristes" prend plutôt place dans les années 50 si je compte à rebours les repaires chronologiques du film. Par contre, le sujet est tout-à-fait le même à savoir l'éveil à la musique et au chant dans une maison de rééducation ou un orphelinat (en bref, un pensionnat) où règne une discipline de fer …
Deux regards sont possibles pour ce film :
On prend l'histoire telle quelle avec les enfants brimés dans ce pensionnat qui ressemble plutôt à une maison de correction. Arrive un pion, révolté par la mentalité "Action-Réaction" qui règne. Il finit par prendre un ascendant (positif) sur les élèves en les impliquant dans une chorale. Indéniablement, l'histoire est belle. En effet, on ne peut qu'apprécier quelqu'un qui se dévoue envers et contre tout pour apporter aux enfants autre chose que des baffes ou des jours de cachot. Et puis, on compatit aux problèmes existentiels de ce pion que ce soit face à son directeur, ses collègues ou à la mère d'un des enfants. Le tout est bien emballé dans une belle photographie avec une musique bien sous tous rapports et des chœurs tout-à-fait agréables à l'oreille (l'hymne à la nuit de Rameau, par exemple, qui, pour moi, est un véritable chef d'œuvre qu'il soit chanté par des adultes ou des enfants).
Honnêtement, je peux facilement me laisser prendre par le film qui est fort agréable à regarder. Dont le bilan global mélodramatique reste à la fin, positif.
Et puis, il y a un autre regard plus dérangeant. Il n'apparait pas lors d'un premier visionnage si on est un tant soit peu "bon public". C'est à la revoyure que cela saute aux yeux …
La vraisemblance, d'abord ; je ne crois pas beaucoup aux miracles (même ceux historiques d'il y a 2000 ans et officiellement reconnus par le Vatican) et là j'ai un peu de mal à imaginer ce genre de réussite en quelques mois surtout lorsqu'on part de zéro et dans le contexte "dur" de ce pensionnat.
La démagogie ensuite … Quand même, les enseignants à l'époque savaient prendre une classe en perdition et en faire quelque chose en deux temps, trois mouvements (c'est le cas de le dire…). C'est sûr, c'était mieux avant … D'autant que ce genre de classe regroupe des enfants et des adolescents, ce qui me semble plutôt multiplier les difficultés. Et je ne parle pas des profils divers entre l'orphelin lambda, le demi-voyou et le voyou intégral que le film suppose et qui sont harmonieusement rassemblés dans la chorale …
Film plein de bons sentiments monté sur de grosses ficelles avec un Gérard Jugnot, français moyen et modeste, "héros malgré lui", looser bienveillant face au tyrannique, bourgeois et méprisant François Berléand qui finalement a un rôle de faire valoir.
La note : suivant ma façon de faire (théorique), j'aboutis forcément à quelque chose comme 6. En effet, c'est un film qui se laisse bien voir, qui par certains côtés est même agréable, mais dont la pertinence sur le fond, laisse fort à désirer …