Adapté d'un classique de la littérature jeunesse, « Les Clés du Royaume » est sans nul doute classique, voire légèrement académique par moments. Reste que quand c'est du beau classicisme, élégant, bien écrit (Joseph L. Mankiewicz au scénario oblige), avec ce qu'il faut d'émotion et de personnages attachants, difficile de résister. Alors c'est sûr que durant plus de deux heures, nous avons droit à un beau discours bien moral sur les valeurs du catholicisme et la religion en général, mais cela est fait avec bienveillance et surtout sans réel prosélytisme, du moins nettement moins marqué que ce qu'on aurait pu craindre. Le film n'est jamais replié sur lui-même, préférant, au contraire, s'ouvrir à différentes formes d'état d'esprit où la religion n'est pas forcément le seul salut possible, les différents personnages s'avérant souvent plus complexes qu'au premier abord.
Et si la deuxième partie apparaît moins intéressante dans son cheminement et ses enjeux (notamment en ce qui concerne la partie « action »), je ne me suis jamais vraiment ennuyé, heureux de passer un film en si bonne compagnie, que ce soit le monstre de charisme qu'est Gregory Peck, en passant par Thomas Mitchell, Vincent Price, Edmund Gwenn, Cedric Hardwicke ou un tout jeune Roddy McDowall : difficile de ne pas être conquis... Et puis, j'ai beau être cynique, voir de temps à autre des figures éminemment positives et touchantes de la première à la dernière minute, cela fait aussi du bien. Donc oui, très classique ces « Clés du Royaume », mais sous l'égide de John Stahl et de Mankiewicz, moi, cela ne me pose aucun problème. Salutaire.