Ce n'est plus un secret pour personne, les studios Ghibli cherchent ardemment un successeur à leur maître et créateur Hayao Miyazaki, le demi-dieu japonais devenant peu à peu aveugle. C'est donc son fils Gorō qui se charge de relever le défi et d'adapter (de façon extrêmement condensée) trois des romans du "Cycle de Terremer" de la romancière Ursula K. Le Guin. Et si le nom Miyazaki est attaché au projet, force est d'admettre que le fiston a beaucoup à apprendre de son père... Car Les Contes de Terremer est tout simplement un honnête film d'animation, sans plus.
Gorō Miyazaki n'a hélas pas l'étoffe de son père et on le sens bien, que ce soit au niveau de la profondeur de ses personnages (floue) ou dans sa poésie maladroite. L'animation, plus moderne, reste bien entendu magnifique et parfaitement maîtrisée, regorgeant de paysages fabuleux et de rares séquences plutôt impressionnantes (le combat des deux dragons au début, les cauchemars d'Arren) qui mettent en avant la violence alors inhabituelle dans ce genre de productions où hémoglobine et mains tranchées sont parfaitement visibles à l'écran.
La musique de Tamiya Terashima reste agréable et envolée mais n'a certainement pas la touche merveilleuse d'un Joe Hisaichi, lui qui rend chaque œuvre de Hayao si personnelle. Mais c'est au niveau du scénario et de quelques légers détails mineurs que le long-métrage pêche, en particulier sur le traitement fait sur les personnages d'Arren le prince schizophrène peu charismatique et Aranéide le sorcier androgyne sous-exploité.
Plutôt plate, aux rebondissements prévisibles et sans réelle magie, l'histoire souffre d'atroces baisses de rythmes, les quelques lenteurs intervenant ici et là au milieu du film nous faisant grincer des dents. Heureusement, la seconde partie du film nous fait retomber dans de l'heroic fantasy pure et dure, garantissant de très bons moments. Au final, un premier film peut-être trop ambitieux pour Gorō Miyazaki, réalisateur hésitant à la mise en scène encore trop couverte par l'ombre de son père, qui, sans être concrètement raté, ne garantit pas un spectacle qui s'annonçait majestueux.