J'aime la voie tragi-comique et le ton narquois qu'emprunte Letourneur avec Les Coquillettes. Faire le choix du festival du film de Locarno comme théâtre des errances sentimentales de ses trois protagonistes permet à la réalisatrice de livrer, en parallèle d'une critique timide de l'entre-soi qui règne sur place (puisque « ça ne se renouvelle pas beaucoup » d'après les dires d'une des interlocutrices du personnage de Sophie, en évoquant la constitution de la population festivalière), une farce rafraîchissante pleine de misère et d'autodérision. C'est donc l'histoire de trois pauvres nanas en quête de satisfaction génitale le temps dudit festival que la metteuse en scène nous fait suivre. D'échecs en échecs, on s'attache véritablement à ces filles coincées entre les obsessions illusoires (cf. le caméo de M. Garrel) de Sophie, la maladresse pitoyable de Camille et l'abstinence subie de Carole. À ce petit jeu-là, il faut bien admettre que Letourneur réussit son pari puisque la gêne ressentie devant les lourdes tentatives d’approche du personnage de Camille est à peu près proportionnelle aux éclats de rire suscités par la vacuité abyssale des conversations entre copines.