Après 8 ans d'absence derrière la caméra, on n'attendait plus le retour de David Cronenberg. Retour aux origines qui plus est, le réalisateur ayant délaissé le body horror depuis 1999 et "Existenz". Comme pour paraphraser ce retour, il a choisi le titre "Crime of the Future", également le titre de l'un des ses premiers films.
On se place donc dans un futur proche où presque plus personne ne ressent la douleur, et où les infections ont disparu. Ceci permettant l'émergence de la chirurgie pour tous, et des scarifications en tout genre, devenus "le nouveau sexe". Sans compter des humains qui voient de nouveaux organes apparaître dans ou sur leur corps.
S'en suivra une vague trame autour d'un artiste adepte des performances, et tournant autour d'un groupe de mangeurs de plastiques. Clairement, "Crimes of the Future" ne plaira pas à tous, c'est le moins qu'on puisse dire.
Entre une trame très diffuse sans réel suspense, et des dialogues parfois à deux doigts de la masturbation intellectuelle, certaines scènes ont une allure très absconse. D'autant plus que plusieurs idées tombent à plat. Dont ces chaises squelettiques et rigides qui fleurent bon l'accessoire bas-de-gamme plutôt que l'équipement high-tech qu'elle sont censées être à l'écran.
Mais, voilà, Cronenberg n'est pas n'importe qui ! Son body horror est toujours capable de nous retourner. Moins par l'aspect graphique que par les concepts, qui jouent autour des transformations du corps, et de son exploitation, commerciale, technologique, artistique, et politique.
Sans compter des réflexions pas inintéressantes sur l'art qui se nourrit du corps, et vice-versa. Ceci à coups de bonnes idées, et d'un univers à la photographie soignée et très sombre (les infections ayant disparues, tout est désormais crasseux).
Certains diront que le film est le délire d'un bonhomme de 79 ans, déconnecté des réalités. Il faut rappeler que le scénario a en fait été initialement écrit au début des années 2000, et que Cronenberg ne se préoccupe clairement pas du web 2 ou 3. Il se focalise sur son dada, ordinateurs organiques à l'appui.
Signalons aussi un thème réussi de Howard Shore, et de bons acteurs. Dont Viggo Mortensen qui fait son retour chez le cinéaste, dont la prestation prend aux tripes. Ou même Léa Seydoux, dont le côté crispant et hautain sert à son personnage d'ex chirurgienne devenue artiste branchée.