L'enfer, c'est les autres; après avoir survécu à Armageddon dans un charmant premier volet en 2013, les Croods sont désormais confrontés à un nouveau défi… une autre famille. De quoi embarquer les Pierrafeu des studios Dreamworks dans un discours sur l’évolution, au milieu d’une aventure qui vient d’augmenter la dose d’opiacés. Accrochez vos ceintures (en paresseux préhistorique évidemment!)
En 2013, ils survécurent à la fin du monde et aux créatures presque historiques créées par Dreamworks. Errant sur les routes de l’évolution, les voici maintenant à l’aube d’une nouvelle ère alors qu’ils découvrent un jardin d’abondance, son bestiaire et les «Betterman», une famille étrangement évoluée. Le clan est en proie à quelques changements. En effet, ils maîtrisent l’irrigation, le civisme, la fourberie et leur fille pourrait bien mettre à mal l’harmonie céleste entre Eep et Guy.
Robert Johnson laissera son âme en pension chez le diable et les Croods croqueront la pomme d’amour au banquet des «Betterman». Au carrefour de l’évolution, Joel Crawford et les équipes de chez Dreamworks orchestrent une rencontre: le surhumain (les «Betterman»), la modernité, et les micro-moustiques en tenue de fauves («Les Croods»). Lancés sur les routes du monde, les Croods découvrent un paradis idyllique et ses trois habitants. Ils promettent profusion et réconfort, relaxation et sphère privée. Aux antipodes de l’univers plus sauvage des Croods, c’est pourtant la langue pendue que la meute errante accepte de se sédentariser. Seul Grug le père (parlé en VO par Nicolas Cage) semble émettre quelques réserves au milieu de sa cruelle envie de dévorer le stock de bananes. Mais bientôt les «Betterman» laissent entrevoir un arc narratif écologique beaucoup plus sombre. En effet, leur profusion n’est pas innocente, et derrière la cloison du paradis gronde un monstre.
Injectée d’une énergie survitaminée, les vannes fusent et diffusent un gentil discours sur la modernité, la nature, la fraternité et l’entraide. Au cirque des Croods, le guignol Crawford a déployé beaucoup (trop) de marionnettes et de références pour tenter de nous faire rire. Pas sûr que l’ambiance ne soit toujours à la hauteur de l’effort déployé. Les Croods 2: Une nouvelle Ère est de ces métrages d’animation hyperactifs, un humour qui marche au pas, qui obéit au doigt et à l’œil à un scénario en pleine overdose de sucre. De la romance entre Guy et Eep, à l’arrivée de la jeune Dawn Betterman dans leur vie, et ses parents qui parlent comme des colons (et que l'on croirait visuellement tout droit d'un pèlerinage aux côtés de Roney Mara dans Maria Magdalena), la dimension drolatique des Croods reste intacte, mais leur aventure patauge dans une semoule en fanfare. Si la réalisation est impressionnante de détails et de générosité, Dreamworks frôle le gavage. Petits et grands ressortiront certainement la tête brassée, les quelques bonnes étincelles s’étant dissipées dans un final et une énième cavalcade de gags. C’était quoi l’histoire déjà?
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