C'est Alex Joffé qui met en scène en 1962 Bourvil et Laurent Terzieff dans un camp de prisonniers français en Allemagne pendant la dernière guerre. Laurent Terzieff est un récidiviste de l'évasion avec un caractère infect de profiteur et de sans-gêne tandis que Bourvil est un soldat gentil, serviable, craintif et peu désireux de se lancer dans une aventure risquée. Sauf que Laurent Terzieff l'entraîne malgré lui dans une tentative d'évasion et on assiste, alors, au numéro plutôt classique de deux personnes "incompatibles" dans un contexte hostile. Après une dernière vacherie de Laurent Terzieff, le Destin rebat les cartes, une nouvelle fois, et intervient directement dans le déroulé de l'action ...
Encore une fois le personnage joué par Bourvil se lit à plusieurs niveaux. Au premier niveau, c'est un trouillard qui ne fait pas le poids avec un Laurent Terzieff, conquérant, insupportable de suffisance et de mépris.
A un deuxième niveau, le film démystifie le "héros" et en recadre la définition. Il ne faut pas confondre "héros" et "matamore". Laurent Terzieff montre certes du courage, de l'énergie, de l'audace, de la personnalité. En attendant, ses 5 tentatives, qu'il porte en bannière, ont toutes échoué. Le chef de chambrée en a tellement marre de lui que tout est bon pour s'en débarrasser. Que lui a-t-il donc manqué pour être un héros, un vrai ?
Bourvil, avec son air de ne pas y toucher, lui est d'une aide précieuse pendant la tentative d'évasion. Incapable de noirceur, plein d'empathie, comme d'habitude, Bourvil n'hésite pas à tendre la main. Il trouve même parfois le courage de rétablir sa place face à un Laurent Terzieff surpris et qui s'écrase (pas pour longtemps). En définitive, le héros véritable n'est-il pas plutôt celui qui joue "collectif" et non "perso" ?