J'aime l'oeuvre de Visconti et plus j'en vois plus j'en apprécie les finesses d'écriture et de sa mise en scène. Avec les Damnés Visconti s'inscrit totalement dans une des thématiques récurrentes de son oeuvre : la fin d'un monde et le début d'un autre. Ici, il s'agit de la fin de l'Allemagne que tous connaissent en ce début de 20e siècle au profil de l'Allemagne Hitlérienne. Comme dans nombres de ses films on suit la tragédie d'une famille : les von Essenbeck, une famille de grands bourgeois producteurs d'acier qui sera le théâtre d'un grand nombre de conspirations liées à l'évolution politique de la société dans laquelle l'oeuvre se situe (le film débutant avec l'incendie du Reichtag en 1933) mais aussi liées à toutes ses querelles intestines d'héritage et de rivalité.
Visconti est un maitre, il bel et bien l'un des plus grands noms du néo-réalisme italien ! et ce film en est encore une preuve : sa maitrise de la caractérisation des personnages est exceptionnelle et chacun des membres de cette famille est clairement identifié. Ils ont tous un but, une personnalité, des défauts, des qualités, etc. en bref ils sont humains. Helmut Berger fait ses débuts au cinéma et je le répète que cette homme est sûrement l'un des meilleurs acteurs que j'ai pu voir, un début merveilleux pour plus tard, une apogée formidable encore une fois devant la caméra de Visconti en interprétant Ludwig II.
Ce que j'aime aussi chez Visconti c'est sa manière de filmer des évènements publiques comme des fêtes ou des attroupements, il n'y a pas un personnage en particulier qu'il faut suivre, ni en action précise, on suit juste un groupe vivre un évènement collectif et l'on ressent parfaitement l'ambiance, comme s'il l'on n'y était. Je pense particulièrement à une séquence de fête chez les SA (Sections d'Assaut) qui se terminera en massacre, trahis par Hitler et les SS, on se prendrait presque de pitié pour eux.
Une oeuvre majeure dans le cinéma européen (comme tous les films de Visconti) qui s'inscrit parfaitement dans la ligne directrice thématique de son cinéma. La famille, la fin de l'ancien monde, etc.
Hâte de continuer à découvrir les autres films d'un réalisateur qui est déjà celui qui m'aura le plus fait aimer le cinéma.