1h30 à voir des gens jouer aux cartes dans la neige, et regarder un revolver, fin. Alors, qu'on revienne sur le principe de "réalisme" au cinéma : ce n'est pas parce que les soldats de la Guerre de Sécession s'embêtaient copieusement (pour le dire poliment) toute la journée, que nous, spectateurs, sommes obligés de nous enquiquiner comme des rats morts. On a senti que le film s'engageait mal (pour le dire poliment, encore) quand le réalisateur est monté présenter son film en disant seulement : "Je viens du documentaire contemplatif, et je ne voulais rien de spectaculaire dans ce film de guerre." Oh, ben, c'est réussi, à droite, notre voisin de siège ronfle, à gauche, cela rigole nerveusement "C'est nous, les Damnés, en fait...", et nous-même, on est en train de chronométrer la scène du revolver, juste pour voir si la scène de la tarte de Ghost Story a de la concurrence. Bon, elle reste indétrônée, mais on y a cru, quand le soldat qui explique à son cadet comment marche un revolver se met à compter les balles (une, deuuuux, troiiiiis... "Mais, il ne va pas toutes les faire ?" / "Si..." / "Oh meeeer...") et enchaîne en comptant les crans qu'il tourne sur son barillet (Tu tournes un cran, deux crans, trois... "Oh mais, sers-toi en pour nous flinguer, pitié..."). Aussi, si vous vous réveillez en sursaut lors de la scène de bataille, ne nous demandez surtout pas contre qui cela tire : on ne sait pas. On voit juste des sapinettes qui ont des étincelles à leur pied, mais on ne comprend pas qui sont les ennemis, ou même s'ils ne se tirent pas dessus entre eux (on s'occupe comme on peut, que voulez-vous). On se retrouve donc démuni de toute explication à la fin du film, quand on se retrouve à suivre uniquement

deux gars

sur l'ensemble de la brigade (où sont passés les autres ? Ils sont morts, blessés, perdus, en chemin autre part ? : On s'en f...), les yeux écarquillés d'avoir passé plus de temps à reluquer un cheval tirer sur sa longe en hennissant ou une meute de loups dépecer une biche, plutôt que de savoir ce que sont devenus les personnages principaux de cette histoire... Encore une fois, on comprend l'envie du réalisateur de nous faire ressentir l'expérience "Guerre de Sécession" de l'intérieur, d'un point de vue d'un bastion qui n'en fiche pas une la grande majorité du temps, et se retrouve dans un sacré bazar de tirs confus le 1% du temps qui reste (celui qui compte, pour leur survie), mais avait-on besoin de s'ennuyer autant ? Non. Aux courageux soldats qui s'engagent dans le visionnage de ce documentaire sur l'ennui (expérience immersive), on vous souhaite bien du courage (prenez-vous un paquet de cartes).

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