Par l'animation minimaliste de gravures d'époque, ne mettant en mouvement que ce qu'il faut, Raphaël Meyssan, qui adapte ici ses romans graphiques, invente commun nouvel art qui, à notre grande surprise, malgré sa quasi immobilité, reste trépidant et particulièrement prenant.
Le documentaire traite habileté cet épisode historique qui politiquement sonne aujourd'hui encore plus pertinemment, passant de la petite voix émouvante de Yolande Moreau (interprétant Victorine Brocher), à celle de Simon Abkarian, dont la belle voix raconte avec solennité les événements historiques. L'alternance est ainsi réussie entre un récit de l'intérieur, avec cette focalisation sur un personnage à la dimension romanesque, et l'objectivité de la grande Histoire illustrée par des cartes et des dates.
Le film perd parfois de sa puissance en se montrant trop tire-larme lorsqu'il se penche en détail sur la vie de Victorine Brocher, s'apitoyant parfois trop. Mais il faut souligner le travail phénoménal de recherche d'archives et le rythme de ce film qui, le tout servi par un casting dantesque, est continuellement passionnant.