Les fleurs roses des cerisiers dansent lentement dans le ciel bleu
au-dessus de la route.
Les arbres nous font signe de leurs milliers de feuilles vertes
qui s’agitent tout là-haut.
Le métro jaune passe à toute vitesse devant le pont de métal bleu
puis disparait à l’horizon.
Les haricots rouges confits s’étendent entre deux pancakes jaunes et marrons
là où ils sont le plus grillés.
Le Tokyo de Naomi Kawase est un Tokyo de couleur. Un Tokyo de rose, de vert, de jaune, et de bleu. Et le soleil brille. Il illumine la ville de sa lumière printanière, celle de nos souvenir d’enfance. Et quand il pleut, alors la ville s’illumine quand même, sous sa fine couche d’eau brillante.
Le Tokyo de Naomi Kawase n’est pas vraiment une ville. Ce sont des lieux isolés. Une longue rue bordée de cerisiers qui fleurissent le printemps. Un petit magasin de dorayakis et sa cuisine étriquée. Un appartement grisonnant avec un poussin jaune qui chante dans sa cage. Un sanatorium où vivent et meurent les lépreux, loin du monde, au milieu des fleurs et des arbres, où le soleil brille plus que nulle part ailleurs.
Le Tokyo de Naomi Kawase est peuplé de gens seuls, comme les lieux qui le composent. Un homme dans sa cuisine. Il prépare des pâtisseries mais n’aime pas le sucré. Une adolescente dans son appartement. Elle se comporte comme une mère et sa mère comme une fille. Une vieille dame dans son sanatorium. Elle parle aux haricots et écoute le vent souffler. Trois générations. Trois générations qui se rencontrent.
Mais surtout trois personnes qui s’ouvrent. Trois personnes qui se transmettent les quelques certitudes qu’elles peuvent bien avoir. Trois personnes qui vont revivre doucement autour de petites pâtisseries aux haricots confits. Des haricots sucrés. Ou peut-être sont-ils maintenant salés. En tout cas, une chose est sûre, ils sont rouges. Des haricots rouges dans un Tokyo de couleur.