Marcel L'Herbier fut un cinéaste qui a commencé dans le muet et a fait de bons petits films dans l'entre deux guerres. Dont en particulier quelques films historiques comme une "tragédie impériale" ou "l'affaire du collier de la reine" dont j'ai conservé un bon souvenir. Il fut même une personnalité marquante du cinéma et des débuts de la télévision.
Là aussi, on est dans le film historique. Enfin presque. C'est aussi un de ses derniers films au cinéma avant de poursuivre sa carrière à la télévision.
Mais d'abord, parlons du titre que j'ai osé mettre sur ce petit pensum. En français, on dit Pompeï en séparant les deux dernières voyelles et en terminant sur un i bref. En italien, je ne sais pas mais comme le film est franco-italien, je soupçonne qu'on prononce Pompeille (avec l'accent tonique sur le "pe"). Déjà, ça fait très folklo et limite, pas sérieux, d'autant que c'est prononcé à la française.
Mais c'est pas tout. Le film est tiré d'un roman anglais que je ne connais pas mais qui mériterait qu'on y jette un oeil pour voir si les conneries viennent du bouquin ou sont le résultat d'une imagination débordante franco-italienne. Surtout qu'il y a eu 6 scénaristes sur l'affaire pour pondre ce scénario.
L'argument global est l'histoire d'un jeune homme grec et beau (Georges Marchal) qui est amoureux d'une femme Hélène (Micheline Presle), jalousé par un grand prêtre d'Isis (Marcel Herrand). Une esclave blonde et belle qui appartient au grec se fait assassiner (évitons de trop spoiler) et le beau grec est accusé et condamné à servir de pâtée aux lions.
L'argument est complètement foireux. À Rome, on ne pouvait pas être accusé et encore moins condamné pour le meurtre d'un esclave dont on était propriétaire. Ce n'était pas bien, moralement pas défendable, c'est sûr mais c'était comme ça. Là, en plus, il s'agissait d'un citoyen grec. Ça rajoutait au moins une couche supplémentaire. Donc, déjà, le film partait assez mal en termes de crédibilité.
Bien sûr, il y a l'inévitable couche chrétienne (opprimée) qu'on trouve chez les esclaves nazaréens. Le gourou qui les motive (vieux sage avec des cheveux longs) a la voix douce, pénétrante et convaincante, bien sous tous rapports. Là, où j'ai franchement rigolé, c'est quand un esclave, témoin du crime, vient dénoncer, en plein procès, le vrai coupable. Passons sur le fait que je vois très mal dans le contexte romain, un esclave (chrétien de surcroît) témoigner et accuser un patricien romain, mais c'est surtout la façon dont il s'annonce qui m'a fait rigoler. "Moi, xxx, de bonne foi".
Forcément, qu'il est de "bonne" foi puisqu'il est chrétien ! Ah les cons ! Le second degré que j'ai bien voulu y voir dans cette scène va rapporter un point sur la note finale.
Puis, les scènes de l'éruption et de la nuit ardente qui font que le lion (plutôt gras) va se trouver d'autres préoccupations que d'aller bouffer le grec, sont assez spectaculaires avec l'effondrement attendu des bâtiments, de la statue d'Isis, etc …rapportant bien deux ou trois points. L'intro aussi, prononcée avec le ton ad hoc, bien sépulcral, est pas si mal aussi …
Pour conclure, le jeu des acteurs, grandiloquent et théâtral, pas très convaincant, n'améliore pas vraiment la sauce. C'est un film, réexhumé par Gaumont, un peu oubliable.