Les frères Larrieu ont le goût des histoires étranges, voire loufoques (ainsi le détonnant "Voyage aux Pyrénées"). Dans "Les derniers jours du monde", les réalisateurs installent avec habileté et un minimum d'effets une singulière atmosphère de chaos à venir et d'apocalypse plus ou moins déterminée: pollution, guerre, virus destructeur. De Biarritz à Toulouse, en passant par l'Espagne, l'écrivain Robinson (Mathieu Amalric) se décide à partir, à fuir, mais pour quelle destination?
Au coeur de l'exode, au milieu des mouvements de foule et parfois de corps gisants, l'errance et et les rencontres fortuites de Robinson prennent cependant l'aspect et l'esprit d'une tragi-comédie. Dans les souvenirs de sa passion adultère de l'été précédent (en autant de flashback) avec une belle androgyne, Robinson fait un voyage sans but où le macabre côtoie le cocasse.
Quel dessein poursuivent quant à eux les réalisateurs Arnaud et Jean-Marie Larrieu? Peut-être celui d'affirmer ques les derniers plaisirs à s'offrir sont ceux de la chair. Car, si l'activité de Robinson n'est pas précisément de se perdre dans la fornication, toutefois la plupart de ses rencontres, éphémères,
aboutissent à des étreintes toute aussi fugitives.
Quoiqu'il en soit, c'est moins le propos inattendu et incongru des auteurs qui importe que leur faculté à suggérer le tumulte et le vagabondage de leur héros ordinaire.