L'apocalypse, chez Les Larrieu, elle est biblique. Les sept plaies sont modernisées (Pollution, virus, guerre nucléaire, hystérie, tremblements de terre...). Et on y croit, malgré l'absence de gros moyens, l'ambiance est parfaitement restituée. Il faut voir les rues de Toulouse ravagées, la place du Capitole envahie, les services de décontamination en arrière plan, la feria de Pampelune sous les bombes... La fin du monde, Robinson Laborde, le héros de cette épopée, lui, il s'en fout. Ou du moins il n'y fait pas vraiment attention. Il préfère se remémorer le contact de la peau de la féline Laetitia (Omahyra Mota, sublime mannequin dominicaine), amour d'été infidèle. De Biarritz à Paris, notre voyageur se lance à la poursuite d'un souvenir alors que tout le monde va dans l'autre sens, vers le concret, vers la famille. Rarement seul, toujours accompagné de son ex-femme (Karin Viard, le point de repère de Robinson), d'une rêveuse (Clotilde Hesme, complètement allumée), d'un boulet (Catherine Frot, en éternelle larguée envahissante) ou d'un ténor plein de testostérone (Sergi Lopez, dont on arrive à sentir l'odeur forte à travers l'écran). Mathieu Amalric est excellent comme à son habitude, un brin désabusé, cassé, amputé mais il continue à faire croire à l'histoire de son personnage. Les plus belles scènes du film sont pourtant celles qui montrent les séparations, souvent violentes, entre Robinson et ses conquêtes; il se retrouve alors esseulé dans une salle de classe déserte, un camping car ou au beau milieu de la neige.