Bienvenue dans la Comédie Humaine moderne. Les derniers Parisiens de La Rumeur montrent les ultimes survivants d’un quartier parisien, en l’occurrence Pigalle, dans un monde où les populations les plus modestes de la capitale sont refoulées vers l’autre côté du périphérique. Les deux réalisateurs observent avec brio et sans jugement ce monde urbain et nocturne, qui ne dort jamais, où les caractères se croisent et les problématiques s’entrechoquent. Du personnage principal (Nas, joué par Reda Kateb) aux personnages les plus secondaires, chacun est minutieusement décrit, a son importance, dans la trame du film comme dans cette vie à Pigalle où tout le monde se croise.
Au centre du film se trouve un duel fratricide. Celui de Nas, repris de justice qui retrouve Paris en travaillant dans le bar de son frère, Arezki (Slimane Dazi). C’est le choc de deux générations : celle d’Arezki, touchée par la montée en puissance du chômage et qui lutte au quotidien pour la survie, et celle de Nas, qui ne veut pas vivre la vie de son frère, au prix de quelques magouilles.
Ce film noir, faux polar et vrai tragédie, montre la lente et inexorable descente vers le précipice de ses protagonistes. Il montre de manière désabusée l’évolution lente des quartiers, où les commerces de proximité cèdent la place aux grandes chaînes présentes dans tous les centres-villes.
Avec leur première réalisation, Hamé Bourobka et Ekoué Labitey signe un film singulier et juste, moins léger qu’il n’y paraît et porté par la présence remarquable du duo Reda Kateb – Slimane Dazi.